mercredi 1 mars 2017

Réparer les Vivants, Maylis de Kerengal

Ce livre-là, j'avais envie de le lire. Voir un peu ce que ça donne, un livre dix fois primé, un livre que tout le monde apprécie. Surtout après avoir lu son premier livre, Dans les rapides, et avoir eu un avis mitigé dessus. Et alors, ça donne quoi ce Réparer les Vivants ?

Réparer les Vivants, Maylis de Kerengal

Editeur : Folio
Collection :/
Année de parution : 2015
Nombre de pages : 299

A lire si :
- Vous voulez une histoire où les destins s'entremêlent
- Vous voulez un aperçu de ce que peut être une prélèvement d'organe après la mort du patient

A ne pas lire si :
- Vous êtes allergique aux phrases qui courent sur deux pages.
- Vous ne voulez pas de pathos.

Présentation de l'éditeur : 

« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps. »
Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.

Mon avis

Réparer les vivants a été le livre buzz de l'année 2014. En quelques semaines, nous n'avons plus entendu parler que de lui. Ce livre était l’événement, un livre parfait pour cela d'ailleurs. Ne parle-t-il pas d'une chose dure, à savoir la mort d'un jeune homme et le prélèvement de ses organes ? Le tout en se focalisant sur les personnes qui vont graviter autour de ce corps, à présent éteint. Il a tout pour plaire. Et il a plut, à voir les prix et les nombres avis plus que positif dessus. Sauf que de mon côté, je suis toujours fort méfiante sur ce genre de livre. Mais j'avais tout de même envie de le découvrir, de voir un peu ce qu'il se passait dedans. 

Je suis partie avec une impression pas forcément bonne, du à ma lecture de Dans les Rapides. Le style de de Kerengal m'avait plutôt plu, mais je ne le trouvais pas assez abouti, restant finalement à la surface de ces personnages. Or, au vu de la quatrième de couverture, Réparer les Vivants se base surtout sur les personnages qui vont entourer Simon Limbres. Un pari risqué la plupart du temps. 

J'avoue qu'à cause de l'impression que m'avait fait Dans les rapides, j'ai eu du mal à passer les deux premiers chapitres. Ils sont long, décrivant Simon et ses amis alors qu'ils partent pour une session de surf. Et puis, petit à petit, je me suis prise au jeu du livre, à ses personnages que l'on découvre petit à petit, les parents, le personnel médical, et toujours en fond, Simon déclaré en mort cérébrale alors que son corps continue à vivre.

Réparer les vivants m'a un peu fait penser à un Mrs Dalloway où en quelques pages (300 tout de même) se déroulant sur une durée de vingt quatre heures, nous découvrons un bon nombre de personnages et une bonne partie de leur vie. Mais n'est pas Virginia Woolf qui veut et les récits de de Kerengal sont parfois bancals, parfois peu intéressant et tous plutôt sombres au final. C'est quelque chose qui m'a marqué dans le roman, le peu de lumière dans les vies de la plupart des personnages. Sean et Marianne, les parents de Simon, sont séparés depuis un moment, n'arrivent pas à se retrouver vraiment, même pas devant le corps de leur fils. Ils partagent ce moment mais ne se rapprochent finalement pas plus. Révol, le médecin en chef du service réanimation, ne vit que pour son service. ne semble pas avoir de vie derrière, ne dort presque plus..., Cordélia, l'infirmière, passe son temps à penser à son coup du soir précédent, se concentre sur cette quête d'un amour parfait qu'elle ne trouve pas, Virgilio, l'interne de transplantation vit une histoire "d'amour" avec une jeune femme au tempérament incendiaire et se demande ce qu'il fout avec elle.... Très peu de personnages ont des moments lumineux, sauf peut-être un, Rémige, chanteur à ses heures perdus et infirmier coordinateur de greffes. Le gros problème du coup, c'est que ce roman qui se voulait une lumière, quelque chose qui peut faire du bien, est tout de même vachement sombre. Mais surtout, on a l'impression qu'il n'y a que ça qui intéresse l'auteure, mettre le doigt sur les parties sombres de l'humain en oubliant les moments de grâce. Pourtant, il y a en a des moments de grâce, perdus dans tout cela. Seul problème, j'ai eu l'impression plus d'une fois de tomber dans le pathos, et ça, ça ne me plait que guère.

Ce qui d'ailleurs est bien dommage, parce que le style de l'auteure s'est affirmé depuis Dans les Rapides. On retrouve toujours ses phrases fleuves qui suivent les fils d'une même pensée, opposées à des phrases bien plus courtes, marquant un arrêt brutal, une action qui l'est tout autant. On y trouve aussi de la vulgarisation mêlé à des mots plus scientifiques, mélanges permettant à tous de comprendre ce qu'il se passe, que se soit dans la chambre d’hôpital de Simon Limbres ou dans le bloc opératoire. Mais toujours, les sentiments arrivent et Maylis de Kerengal en fait trop, et tombe du coup dans une avalanche de noirceur à peine éclairée par Rémige et son histoire.

Suis-je passée à côté de ce Réparer les vivants ? Je ne pense pas. L'histoire en elle-même est passionnante, cette transplantation, ce passage de vie d'une personne à l'autre, les sentiments des parents qui doivent choisir alors que franchement, ils n'ont pas la tête à ça, ceux des futurs receveurs qui savent que pour vivre, il faut qu'un autre meure, même ceux du personnel hospitalier qui ne voit plus que le corps et les organes, qui se déshumanisent pour que leur travail soit parfait. Vraiment, c'est ultra sympathique à suivre. Mais le problème vient du background des personnages. Pourquoi avoir choisi de n'exposer presque que leur problème ? Pourquoi avoir choisi de rajouter encore plus de souffrance là où déjà nous étions bien servi. Répare-t-on réellement les vivants dans ce livre ? Non. Nous ne faisons que passer au dessus d'eux, ne voir qu'une partie, et pas toujours la meilleure, de leur vie. C'est vraiment dommage. Plus de lumière n'aurait pas fait de mal à ce roman.

Au final donc, je suis une nouvelle fois bien mitigée. Je ne sais pas si j'ai aimé ou non. Je ne sais pas non plus où finalement, l'auteure voulait en venir. Raconter le passage d'un cœur d'un corps à un autre, ce qui peut graviter autour, ou juste émouvoir dans les chaumières. 

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