samedi 12 septembre 2020

L'Ours et le Rossignol, Winternight, tome 1, Katherine Arden

Vous savez quoi ? Instagram est une source sans fin de souhait livresque. C'est pire que les blogs ou Livvradict. Si ça permet de faire de jolies découvertes, ça n'arrange pas du tout mon porte-monnaie. Bref, c'est donc sur Bookstagram que j'ai découvert cette série et que j'ai eu envie de la lire.

L'Ours et le Rossignol, Winternight, tome 1, Katherine Arden

Editeur : Folio
Collection : SF
Année de parution : 2020
Titre en VO : The Bear and the Nightingale
Année de parution en VO : 2017
Nombre de pages : 464

A lire si 
- Vous aimez les contes russes
- Vous aimez l'hiver

A ne pas lire si 
- Vous vous attendez à un conte sauce disney
- Vous n'aimez pas l'hiver

Présentation de l'éditeur : 

Au plus froid de l’hiver, Vassia adore par-dessus tout écouter, avec ses frères et sa sœur, les contes de Dounia, la vieille servante. Et plus particulièrement celui de Gel, ou Morozko, le démon aux yeux bleus, le roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ces histoires sont bien plus que cela. En effet, elle est la seule de la fratrie à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces nichées au plus profond de la forêt. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales.

Mon avis

J'avoue que j'aurais pris ce roman même sans Bookstagram en le voyant dans ma librairie. La couverture est juste trop trop belle (forcément, c'est une Aurélien Police). Et en plus d'être belle, elle va parfaitement avec l'intérieur du roman. On y retrouve toute l'ambiance de l'histoire en un seul coup d’œil. Elle a vraiment un côté très féerique, très conte. Bref, je l'aime beaucoup beaucoup. Et j'aime aussi beaucoup beaucoup ce début de trilogie.

Nous voici donc en Russie, en plein hiver. Dounia, vieille nourrice, raconte le conte de Gel aux enfants. Cette même nuit, Marina, l'épouse de Piotr lui annonce qu'elle est à nouveau enceinte, qu'elle veut cette fille et qu'elle veut qu'elle soit comme sa grand-mère. Or, la dite grand-mère était considérée comme une sorcière, une femme capable de voir les esprits. Et cela finit par arriver. Elle met au monde Vassilissa, dite Vassia, puis meurt. Ce que nous allons suivre, c'est l'histoire de Vassia, la fille capable de voir les esprits, la sorcière, la fille de l'Hiver.

Vassia, c'est la petite fille qui fuit les activités qu'on lui impose pour se rendre dans la forêt ou jouer avec ses frères, c'est celle que tout le monde aime mais que quand même il lui faudrait un modèle maternel pour être une "vraie" fille. Alors, Piotr va chercher une épouse à Moscou et les ennuis vont commencer. Il va ramener, plutôt contraint d'ailleurs, Anna, la fille du Grand-Prince que l'on dit folle. En fait, tout comme Vassia, elle voit les esprits, mais dans son esprit, ils sont les démons, là où Vassia les voit pour ce qu'ils sont. Il va aussi ramener un cadeau pour Vassia, un magnifique pendentif venant de Gel lui-même, la plaçant sous sa protection. Mais Dounia cache le cadeaux et Anna, comme les Belle-mères des contes, ne supportent pas Vassia. L'arrivée du père Konstantin, le nouveau prête du domaine, ne va rien arranger. Dans la forêt, l'Ours s'éveille et avec lui la peur et la mort. 

Le roman devient un immense conte russe où folklore et légende viennent se mêler. Il n'y a pas besoin de connaitre les contes ou le nom des esprits et dieux de la mythologie russe et plus particulièrement slave pour suivre. L'autrice a étudié la littérature russe et a vécu à Moscou. Elle connait un minimum son sujet et cela se sent. On ne se contente pas des contes les plus connues (Ivan et le loup n'est que nommé par exemple, tout comme Vassilissia la Belle). D'ailleurs, on en retrouve quelqu'un dans ce que vit Vassia elle-même. Concernant le Folklore, il est présent et pas qu'un peu donc. On retrouve forcément le Domovoï, l'esprit des maisons slaves, mais aussi une Roussalka ou encore le Liéchi (esprit de la forêt) et quelque autre. On ajoute à ça qu'une bonne partie se déroule l'hiver. Cela donne une merveilleuse ambiance au roman, assez froide et en même temps belle et poétique.

On ajoute à cela des personnages qui ne sont pas totalement cliché. Vassia est un savant mélange entre l'héroïne de conte et la jeune femme "normale". On retrouve en elle la fille un peu à l'écart du monde, celle qui n'est pas apprécié par sa belle-mère, qui n'est pas tout à fait belle mais qui a ce petit truc qui fait qu'on se retourne vers elle. Et puis, finalement, on se rend vite compte que Vassia, si on exclut le fait qu'elle voit les esprits, c'est une jeune femme comme les autres, peut-être à peine plus sauvage. C'est surtout quelqu'un de très lucide. Konstantin, lui, est un prête qui peint des icônes. Il voue sa vie à Dieu et à sa religion jusqu'à ce qu'il rencontre Vassia et Anna (Anna qui semble être un double miroir de sa belle-fille au final). A partir de là, rien ne va plus aller. Il va faire peur aux villageois, se sentir attirer par Vassia, sera frustré à mort par bien des choses et finira par se détourner sans s'en rendre compte de sa propre foi. Mais à côté de ça, je trouve que certains personnages auraient mérité d'être un peu plus développé, comme les frères de Vassia (il semble qu'on en sera plus sur Sacha dans le tome suivant) ou son père. Je sais bien que si on garde la notion de conte, ça reste finalement assez normal. Mais j'aime quand tout est devellopé. 

Une autre chose que j'ai apprécié et dont je n'ai pas encore parlé, c'est la religion et les mythes. Vassia vit dans un monde où les gens sont chrétiens (orthodoxe plus précisément) mais où ils croient encore aux esprits de la nature et des maisons. Ainsi les deux cohabitent et aucun ne semble prévaloir sur l'autre. Cela se voit dans la demeure de Vassia avec ses icônes bien présentes et les offrandes au Domovoï par exemple. Mais, c'est aussi une époque où les vieilles croyances commencent à disparaitre. Ainsi, Anna pense que les esprits qu'elle voit sont des démons qui lui veulent du mal. L'arrivée de Konstantin à Lesnaïa Zemlia, le  village de Vassia, va tout changer. On va se retrouver avec une dualité entre les deux croyances qui n'a rien de bon. J'ai aimé la manière dont tout cela est mené par l'autrice. Jamais elle ne va mettre l'un en avant plus que l'autre dans les croyances de Vassia. Les deux sont importants. J'apprécie beaucoup ce message, cette manière de voir (mais je pense que ça vient tout bonnement de ma propre spiritualité)(du coup, le roman fait partie de ces livres de fantasy, à l'instar de Terremer de Le Guin, qui nourrissent mon moi intérieur).

Au final, c'est un presque coup de coeur. Presque parce que je le trouve parfois un peu lent, surtout vers le début. J'ai aimé son ambiance, son folklore, ses personnages. C'est une magnifique découverte et j'attends à présent impatiemment que le second tome sorte en poche (la série est finie en GF, chez Denoël). N'hésitez surtout pas à plonger dans cette forêt russe, vous ne serez pas déçu !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire