mardi 25 novembre 2014

Comme Dieu le veut, Niccolo Ammaniti

Comme Dieu le veut est, il me semble, le plus vieux livre de ma PAL. Trois ans à prendre la poussière sur son étagère, sans que je ne le touche. Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs. Sur le coup, j'étais enthousiasmée de le prendre et puis, c'est retombé. Et finalement, ma lecture a été plutôt bonne.

Comme Dieu le veut, Niccolo Ammaniti

Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2010
Titre en VO : Come Dia Comanda
Année de parution en VO : 2006
Nombre de pages : 544

A lire si :
- Vous voulez des personnages qui sortent de l'ordinaire
- Vous n'avez pas peur de plonger dans la misère Italienne

A ne pas lire si : 
- Vous voulez une histoire joyeuse
- Vous voulez suivre une seule personne

Présentation de l'éditeur: 

Rino Zena et son fils Cristiano vivent ensemble dans une plaine désolée. Les services sociaux menacent le père, chômeur alcoolique et nazi, de lui retirer la garde de ce fils qu'il éduque par la terreur, malgré l'amour viscéral qu'il lui porte. Accrochés l'un à l'autre, ils survivent dans une sorte de dignité dénaturée. Avec ses deux étranges amis, le père décide d'améliorer leur existence misérable en préparant un casse. Cette nuit-là, la pluie, les crues du fleuve et les torrents de boue balaient tout sur leur passage. De cette tempête apocalyptique et meurtrière émerge la figure lumineuse d'une jeune victime expiatoire, qui va changer à jamais le destin de chacun... Comme dieu le veut.
Ammaniti dépeint une Italie ravagée par la vulgarité et l'abrutissement consumériste. La férocité des exclus y explose de manière dévastatrice, mais la tendresse de l'auteur envers ses personnages paumés et déchus imprègne d'une troublante humanité ce grand roman où cohabitent horreur et humour désenchanté.

Mon avis :

Je ne sais pas pourquoi, surement à cause de la couverture, je voyais cette histoire se passait dans les années 50. Comme quoi les couvertures sont trompeuses, puisqu'elle se passe dans les années 2000, surement d'ailleurs 2005 ou 2006.

Dès le prologue, nous voilà embarqué chez la famille Zena, composé de Rino, le père, nazi, alcoolique, violent, chômeur (tout pour plaire quoi) et de Cristiano, le fils de treize ans. Et dès le prologue, nous comprenons rapidement que leur relation n'est pas de tout repos.  Le père élève le fils dans la violence, d'ailleurs, il lui colle un pistolet dans les mains pour aller tuer le chien qui lui casse les oreilles depuis le début de la nuit. Cette scène d'ouverture va donner le ton du livre, bienvenu dans l'italie des miséreux, des sortis du systèmes, des monstres.

L'histoire va se concentrer sur une petite semaine, deux jours avant la fameuse nuit où tout va basculer et quelques jours après. Une semaine particulièrement chargée que nous allons partager avec une galerie de personnages qui va permettre à l'auteur de dépeindre son Italie. Comme je le disais, il y a d'abord les Zena. Si j'ai d'abord eu beaucoup de mal avec le père, de part son comportement de parfait crétin facho et macho, j'ai fini par le prendre en pitié, tant sa vie est merdique mais surtout tant, malgré les coups et la violence, il aime son fils. Cristiano est par contre le personnage qui m'a le plus touché. Treize ans, une enfance volée par la violence de son père, une vision du monde trop proche de celle de son père (mais a-t-il le choix ?) et cette envie de vivre qui ne le quitte pas malgré les problèmes. Il est rare dans ce genre de roman que j'apprécie les enfants, mais là, Cristiano, il m'a touché, vraiment. Ensuite, il y a les amis du père. Danilo est devenu alcoolique après la mort de sa petite fille de trois ans. Il a tout perdu par la suite et rêve de retrouver Teresa, son ex-femme, en la comblant de cadeau, ce qu'il ne peut faire. C'est lui qui va avoir l'idée du casse. Quattro formaggi est ce que l'on pourrait appeler "l'idiot du village". Intellectuellement bas, boiteux, plein de TIC à cause d'un accident lorsqu'il était enfant, sa vie se limite à sa crèche et à Rino, qu'il idolâtre. Puis, il y a ceux qui gravitent autours d'eux ; l'assistant social (qui va coucher avec la femme de son meilleur ami), les élèves du collège de Cristiano, dont Fabianna, par qui tout va arriver, et bien d'autres qui nous ne ferrons finalement qu'effleurer. Tout ce petit monde va tantot nous émouvoir, tantot nous faire voir la misère et la violence. 

L'auteur va se servir de tout ce petit monde pour dénoncer la misère en Italie (et cela aurait finalement pu être ailleurs), la violence, l'alcool et tout le reste. Si ce qu'il va se passer le jour J est plus que terrible (je vous laisse découvrir), ce qu'il se passe avant et après l'est tout autant, voire même peut-être plus puisque c'est quotidien, presque banal. Nous allons voir les ravages de l'alcool, ceux que peuvent produire le cerveau humain, ceux des relations toxiques, que se soit relation filiale (les Zena) ou même les amitiés (Rino, Danilo et Quattro ou encore Fabianna, qui change complétement lorsqu'elle est avec sa meilleure amie Esméralda) et bien sur ceux de la misère humaine et sociale. 

J'ai été touché par le roman, par toute cette misère qui s'en écoule. Au départ, j'ai été attendri par les personnages, par les situations presque comiques qu'ils rencontraient. Et puis soudain, tout bascule, la noirceur prend le pas sur l'humour, le cynisme est là et surtout la dure réalité, la monstruosité des personnages, de la situation. A partir d'un certain moment, j'ai été prise d'une sorte de malaise envers certains personnages, envers l'histoire en elle-même. Et puis, j'ai espéré. Espéré pour Cristiano, trop jeune pour réellement comprendre ce qu'il se passe, trop impliqué pourtant dans l'évènement sordide, trop seul pour s'en sortir sans dommage. Mais y a-t-il réellement un espoir pour lui ?

Au final, je me demande encore pourquoi j'ai laissé le livre si longtemps dans ma PAL tant je l'ai apprécié. Si l'histoire est sordide et met mal à l'aise, elle n'en reste pas moins intéressante et les personnages la porte divinement.

Ne parle pas de liberté. Ils sont tous bons pour parler de liberté. Liberté par-ci, liberté par là. Ils en ont plein la bouche. Mais bon Dieu, t'en fais quoi de ta liberté ? Si t'as pas un rond, pas de boulot, t'as toute la liberté du monde mais tu sais pas quoi en faire. Tu pars. Et où tu vas ? E comment tu y vas ? Les clochards sont les plus libres de la terre et il crèvent congelés sur les bancs des parcs. La liberté est un mot qui sert seulement à baiser les gens. Tu sais combien de cons sont morts pour la liberté alors qu'ils savaient même pas ce que c'était ? Tu sais qui c'est, les seuls à l'avoir ? Les gens qui ont du pognons. Ceux-là oui...

2 commentaires:

  1. Ce livre a l'air très fort et très beau, même s'il est très dur. Merci pour cette chronique. Je me le note dans un coin de la tête !

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    1. J'espère qu'il te plaira. Personnellement, je ne suis pas encore revenue. Il est très dur et plutôt sombre. Et pourtant, il touche réellement

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