J'ai mis longtemps à me lancer dans ces Heures Souterraines. Le sujet ne m'étant, malheureusement, pas inconnu et ayant un peu peur de ce que cela ferait ressortir.
Les Heures Souterraines, Delphine de Vigan
Editeur : Le livre de Poche
Collection : /
Année de parution : 2011 pour cette édition
Nombre de pages : 248
A lire si :
- Vous voulez découvrir la violence au travail
A ne pas lire si :
- Vous ne voulez pas de personnages déprimés, qui se laissent aller
- Vous voulez continuer à fermer les yeux.
Présentation de l'éditeur :
Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D
jusqu’au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes,
emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes
trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise
où on ne l’attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n’ait
été dit, sans raison objective, Mathilde n’a plus rien à faire. Alors,
elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas,
qu’elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.
Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l’attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l’immense solitude qu’elle abrite.
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’arrête. Autour d’eux s’agite un monde privé de douceur.
Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l’on risque de se perdre sans aucun bruit.
Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l’attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l’immense solitude qu’elle abrite.
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’arrête. Autour d’eux s’agite un monde privé de douceur.
Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l’on risque de se perdre sans aucun bruit.
Mon avis :
Il est rare que je parle de moi par ici, et encore moins de cette expérience qu'a été mon premier travail, de la souffrance de devoir s'y rendre chaque matin, de celle de devoir faire face alors qu'on en peut plus, qu'on a juste envie de pleurer, de s'enfoncer, de disparaitre. Je savais parfaitement que les Heures Souterraines parlait de cela. Je le savais et je voulais voir si quelqu'un arrivait à mettre des mots sur cela. Je me pose d'ailleurs la question, Delphine de Vigan a-t-elle vécu cela pour en parler de cette manière ?
Mathilde a la quarantaine, trois enfants, un boulot. Elle pourrait être heureuse, elle l'a déjà été. Mais voilà, depuis huit mois, quelque chose s'est brisé et elle avec. Huit mois plus tôt, à cause d'une remarque, d'un fait insignifiant à la base, son chef l'a prise en grippe, pire, il semble avoir décidé de la détruire. Et petit à petit il y arrive. Ce 20 mai, journée que nous allons suivre du début à la fin, Mathilde est à bout, elle découvre qu'on la placardé dans le bureau sans fenêtre à côté des toilettes, aux murs si fin qu'elle entend ce qu'il se passe dedans, sans poste de travail, sans rien. Une dernière humiliation, une de plus. Thibault doit avoir le même âge, sans enfant, un boulot. IL vient de quitter sa copine, qui ne l'a jamais aimé. Toute la journée, il voit la détresse des hommes et des femmes, il est médecin urgentiste. Il soigne les autres sans être capable de se soigner lui.
Je vais commencer par Thibault, qui prend le moins de place dans le roman mais qui nous permet déjà de voir tout ce que l'humain peut endurer, souffrir. En tant que médecin, il voit de tout, des malades, des gens pressés, des personnes qui craquent, qui ne tiennent plus. Il est témoin de tout cela, fait en sorte d'arranger les choses comme il peut. Pourtant, lui aussi va mal mais lui, personne ne peut l'aider. Je dois avouer que sa partie m'a un peu moins touché, parce qu'en fait, Mathilde, sa souffrance, prend tellement de place que l'histoire de Thibault semble anecdotique. Elle ne l'est pourtant pas. Parce que cette souffrance ordinaire existe et pourtant peu la voit.
Mais voilà, pour moi, l'histoire de Mathilde a des relents de déjà vécu et forcément m'a beaucoup plus touché. Parce qu'on a beau se dire que ça n'arrive qu'aux autres, ce n'est pas vrai, et surtout que cette descente aux enfers peut arriver à n'importe quel moment, pour un rien, trop souvent. Delphine de Vigan va nous décrire ce monde impitoyable de l'entreprise, celui où tout n'est pas rose et où l'ont peu tomber pour un rien avec justesse, sans tomber dans le voyeurisme, dans le trop, comme elle sait si bien le faire. On ressent toute la détresse de Mathilde sans jamais que cela soit trop, sans que cela soit exagéré. Et tout cela est tellement juste pour moi. Parce qu'il faut voir comment, petit à petit, on en vient à être écartée, réduite à rien, transparente pour les autres qui ne veulent pas se mouiller plus que ça, même si un jour, ils se sont dit nos amis.
Delphine de Vigan a, pour moi, toujours le mot juste lorsqu'il s'agit de parler de la souffrance psychologique que peuvent endurer les gens. Son écriture est fluide, vivante et surtout elle ne tombe pas dans le voyeurisme malsain que ce genre d'histoire pourrait avoir. Elle n'en fait ni trop peu ni pas assez. Et si l'histoire m'a remué les tripes, me faisant me souvenir de moment que j'aurais voulu oublier depuis longtemps, elle m'a aussi rappelé qu'il y a toujours un espoir, quelque part, pour que tout s'arrête et que surtout, il ne faut pas se laisser faire, il faut prendre les devants, combattre.
Au final, j'ai apprécié le livre, même si parfois, j'avais envie de le refermer brutalement parce que je ne voulais pas revivre les trois ans de mon premier boulot, parce que j'avais mal de penser que cela m'était arrivée et que j'aurais pu y rester, d'une façon ou d'une autre. Il décrit vraiment le harcèlement moral que l'on peut subir en entreprise, et dans la vie tout court ainsi que la manière dont on se retrouve perdu suite à cela. C'est un bon livre à ce niveau et il offre une fin plutôt ouverte, ou l'on peut imaginer ce qu'il va advenir après cette journée du 20 mai pour Mathilde et Thibault. Bref, je le recommande à qui veut comprendre tout cela, qui veut bien y jeter un œil et aussi à qui a vécu ce qu'il arrive à Mathilde, pour se dire que nous ne sommes pas seul, qu'il faut que ça s'arrête.
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