Cela fait un petit moment que ce livre est dans ma PAL, il était temps que le hasard l'en fasse sortir et que je me replonge dans les mots de Delphine de Vigan, autrice que j'apprécie beaucoup.
D'Après une histoire vraie, Delphine de Vigan
Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2017
Nombre de pages : 380
A lire si :
- Vous aimez quand les genres se mélangent.
- Vous aimez quand c'est étrange mais pas trop quand même
A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose d'original dans la forme
Présentation de l'éditeur :
"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.
Mon avis
Rien ne s'oppose à la nuit, le roman paru avant celui-ci, a été un coup d'éclat pour son autrice. Elle se faisait connaitre suite à l'histoire de sa mère, à la quête de vérité pour une femme qu'elle a toujours connu mais qui lui échappait. Le roman a été un succès. Mais que se passe-t-il après avoir écrit un tel livre pour l'autrice ? D'après une histoire vraie va tenter de répondre à cette question, tout en abordant un thème peut-être aussi intime que celui de Rien ne s'oppose à la nuit, celui de la dépression et de la vérité dans la fiction.
Delphine de Vigan nous parle de ce qu'il s'est passé entre les deux romans, et plus particulièrement de sa renconter avec L. Le lecteur ne saurait pas grand chose de L., juste ce que de Vigan veut bien nous en dire. Ou juste ce qu'elle sait elle-même. Alors que l'autrice commence un burn-out suite à la sortie de Rien ne s'oppose à la nuit, elle va rencontrer L. et va rapidement se lier à elle. Petit à petit, L. va prendre de plus en plus de place dans la vie de Delphine (je me permets de ne mettre que son prénom ici en tant que personnage du livre). Et tandis que L. s'installe, Delphine continue son burn-out jusqu'à ne plus pouvoir tenir un stylo dans les mains, ne plus pouvoir écrire une seule ligne. Alors, L. va prendre la place de Delphine pour donner le change, elle va écrire les mails, les articles... à sa place, jusqu'à prendre sa place.
La forme du roman n'est pas vraiment original. L'autrice qui se fait vampiriser par une personne tierce n'est pas nouvelle. On la retrouve dans pas mal de textes ou de films.Le dénouement final n'a rien n'ont plus d'original. On le voit venir de loin et il rappelle grandement celui de la nouvelle Vue imprenable sur jardin secret de Stephen King (qui a inspiré le film Fenêtre Secrète). Une partie fait aussi penser à Misery (que je n'ai toujours pas lu). D'ailleurs, pour les influences, on retrouvera King plusieurs fois, l'une dans un exergue, l'autre dans une liste de titre de livre (Misery pour le premier, Sac d'Os pour le second). Pourtant, on prend un certain plaisir à lire la version de Vigan de cette histoire-là. L'autrice ne tire pas totalement sur le thriller psychologique dans cette histoire. Elle s'en sert pour faire passer son message tout en gardant une partie fiction dans son texte.
C'est d'ailleurs tout le message du texte, comment user de la réalité et de la fiction dans un roman, comment mélanger les deux. Ou se trouve finalement la frontière. Et sur ce point, de Vigan réussit parfaitement. La forme du roman, son intrigue, se prête parfaitement au propos. Et ça, du début à la toute fin du roman. Effectivement, elle se questionne et questionne en même temps le lecteur sur la place du réel et de la fiction dans le livre. Qu'est-ce que le lecteur attend vraiment, qu'est-ce qu'il aime, peut-on le duper facilement ? Et bien, je vous laisse lire le livre pour découvrir ce qu'en pense finalement l'autrice.
Le thème de la depression est aussi abordé de manière très douce finalement. Il fait parti intégrante de l'histoire (à tel point qu'on se demande si oui ou non, Delphine de Vigan a fait un burn-out suite à Rien ne s'oppose)(et du coup, elle a réussi son coup puisqu'on s'interroge sur le réel dans le récit). C'est la partie peut-être la plus intime du récit du roman, celle qui touche un peu plus à la psychologie de l'auteur et à tout ce qui peut tourner autour. Et à partir de là, on peut rapidement se poser la question de la schizophrénie de l'écrivain. Et si L. était en fait Delphine ? Cette partie n'est pas non plus nouvelle mais elle a le mérite d'être traité ici à la manière de son autrice.
Au final, j'ai apprécié cette nouvelle incursion dans l'oeuvre de Delphine de Vigan. J'ai aimé me prendre au jeu, découvrir les effets de réels comme ceux de fiction et suivre son raisonnement sous couvert de roman. J'ai aussi apprécié qu'elle s'attaque à un genre qui n'est pas forcément le sien et qu'elle le fasse à sa manière, sans trop chambouler son lecteur. Je vous le recommande si vous vous poser des questions sur toutes les questions d'effet de réel dans une fiction.
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