vendredi 19 février 2016

Journal d'un vampire en pyjama, Mathias Malzieu

Il faut absolument que j'arrête de me dire que je vais acheter les livres qui me plaisent que lorsqu'ils sortiront en poche. Encore une fois, je n'ai pas tenu. Mais c'est un Malzieu et j'aime sa façon de raconter des histoires. En plus de ça, Journal d'un vampire en pyjama n'est pas un roman, mais un témoignage. Bon d'accord, je suis faible. Mais ça en vaut la peine.

Journal d'un vampire en pyjama, Mathias Malzieu

Editeur : Albin Michel
Collection :
Année de parution : 2016
Nombre de pages : 240

A lire si :
- Vous voulez retrouver l'écriture poétique de Malzieu 
- Vous voulez un témoignage sur la maladie qui ne tombe pas dans le pathos

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à un roman
- Vous voulez juste un témoignage non romancé

Présentation de l'éditeur : 

Me faire sauver la vie est l’aventure la plus extraordinaire que j’aie jamais vécue.

Mon avis 

Commençons par le livre objet. Il est beau, tout de noir vêtu avec ce petit bonhomme tout mignon (qui a fleuri dans les rue de Paris si j'en crois Instagram) avec le nom de l'auteur et le titre en surimpression. C'est très classe, sans en faire trop. Le genre de couverture qui n'attire peut-être pas le regard dans la librairie parmi les autres mais qui fait son petit effet lorsqu'on tient le livre entre les mains. J'aime beaucoup et je me doute qu'on ne retrouve pas le même effet lorsqu'il sera en poche (Oriane qui se trouve des excuses pour l'achat du GF...). Ce que je trouve amusant, c'est que forcément, ça fait roman pour moi. Et ce n'est pas vraiment le cas.

Mathias Malzieu a déjà écrit des livres très autobiographique (le magnifique Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi (que j'ai en poche et en GF, le seul livre que j'ai en double(et dont je ne me séparerais ni de l'un ni de l'autre)) écrit après le décès de sa mère ou encore le Plus petit baiser jamais recensé où il raconte le début de son histoire d'amour avec Rosy), mais chaque fois, il a romancé tout cela, donnant un air de fantastique à une vie ordinaire. Il s'est souvent caché derrière ses narrateurs même si nous savions, nous lecteur, qu'il en était le héros. Cette fois, adieu narrateur, adieu roman, bonjour journal. Malzieu se livre, livre ce qu'il a pu vivre pendant un an suite à la découverte d'une maladie auto-immune qui aurait pu le terrasser. 

Alors que Jack et la Mécanique du cœur est sur le point de sortir, Mathias Malzieu découvre qu'il est atteint d'une aplasie médullaire, une maladie rare et auto-immune qui s'attaque à sa moelle. Seuls moyens de le sauver, des transfusion sanguine, de la chimiothérapie et surtout une greffe de moelle osseuse. Commence alors une course contre la montre et la maladie, jusqu'à la greffe de moelle grace à un don de cordon ombilical. Il sera soigné, renaître d'une nouvelle mère biologique avec un nouveau groupe sanguin après deux séjours en chambre stérile (non ce n'est pas un spoil, après tout, s'il ne l'avait pas été, il ne sera plus là et son témoignage non plus). Journal d'un vampire en pyjama couvre donc cette période où avec la poésie qu'on lui connait, Mathias se transforme en vampire obligé d'avoir le sang d'un autre pour continuer à vivre. 

Même si c'est un journal, Malzieu romance un peu l'histoire. Il y introduit le personnage de Dame Oclés, celle qui personnifie ses doutes, ses moments de faiblesses face à la maladie. C'est le seul personnage inventé, les autres sont de vraies personnes, des proches de l'auteur. Il rend aussi hommage aux docteurs, infirmiers et aide-soignant, ces personnes de l'ombre, ces donneurs d'espoir quand tout semble aller mal.  Il nous raconte les petits et grands moments, les doutes, les joies et lorsque le moral est au plus bas, les amis qui disparaissent à l'annonce de la maladie, ceux qui restent. Malzieu a affronté le tout porté par l'amour de Rosy, de sa famille, par un personnel soignant qui semble vraiment génial et il nous le fait bien ressentir. C'est assez étrange d'entrer comme ça dans sa vie alors qu'il l'a toujours fait en sorte de romancer celle-ci, de nous faire croire que ce n'était pas la sienne propre. Le seul lien entre les précédents livres et celui-ci reste l'amour des mots de l'auteur, les mots valises à la mode Vian et cette manière de raconter quelque chose de grave sans tomber dans le pathos.


De cette "aventure" n'est pas né que lui et ce journal. Avec Dionysos (qui lui aussi est né deux fois), il a composé le disque de ce combat (que l'on peut retrouver en CD, vinyle ou sur Deezer pour ceux qui veulent se faire une petite idée) qui se laisse fort bien écouter et qui complète le livre (on y découvre Blues Hospital écrite lors du second séjour en chambre stérile, Dame Oclés ou encore I follows River qu'il jouait aux nymphirmières). 


C'est donc un très beau livre, un joli combat gagné et une belle leçon d'espoir (et à présent je sais plus précisément à quoi pourra servir le cordon ombilical dont j'ai fait don à la naissance de ma fille). C'est un livre très intime, sur un héros ordinaire qui retour à la vie (extra)ordinaire. C'est beau et souvent triste, c'est dur et en même temps plein d'espoir. 

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