mercredi 24 février 2016

Le Monde de Charlie/Pas raccord, Stephen Chbosky

Je ne savais pas à quoi m'attendre avec ce livre. Je n'ai pas vu le film, je ne connais pas l'auteur. J'ai lu quelques critiques, pas forcément toutes élogieuses d'ailleurs. Mais il m'intriguait et j'ai décidé de lui laisser sa chance alors que j'ai toujours un peu de mal avec ce genre de livre, trop connu pour être honnête.

Le Monde de Charlie/Pas raccord, Stephen Chbosky

Editeur : Le livre de poche
Collection : Jeunesse
Année de parution : 2015
Titre en VO : The Perks of being a Wallflower 
Année de parution en VO : 1999
Nombre de pages :  288

A lire si : 
- Vous voulez un livre façon journal intime
- Vous voulez un aperçu de la jeunesse américaine

A ne pas lire si : 
- Vous voulez une écriture très littéraire
- Vous voulez beaucoup d'action

Présentation de l'éditeur : 

Au lycée,où il vient d'entrer, on trouve Charlie bizarre. Trop sensible, pas "raccord". Pour son prof de Lettres, c'est sans doute un prodige ; pour les autres c'est juste un "freak". En attendant, il reste en marge, jusqu'au jour où deux terminales, Patrick et la jolie Sam, le prennent sous leur aile. La musique, le sexe, les fêtes : le voilà entré dans la danse...et tout s'accélère.

Mon avis :

Il va peut-être falloir que je me rende à l'évidence. Je deviens trop exigeante lorsqu'il s'agit de récit sur la jeunesse en littérature blanche. Il me faut des romans qui sonnent juste, qui n'en faut pas trop. Il me faut des romans où l'on ressent parfaitement cet état d'esprit si particulier à l'adolescence et au passage à l'âge adulte. Il faut bien dire que le sujet est vaste et que beaucoup d'auteurs s'y perde pour moi. Et c'est un peu le cas pour ce Monde de Charlie. 

Le livre est une suite de lettre que Charlie envoie à un inconnu durant l'année de son entrée au lycée. Nous découvrons un jeune homme assez étrange, quelque peu immature et surtout mal dans sa peau. On peut le comprendre, son meilleur ami s'est suicidé l'année précédente. Mal dans sa peau, il appréhende cette rentrée. Une rentrée qui ne se passe forcément pas très bien. Jusqu'à l'arrivée dans sa vie de Sam et Patrick. Les deux jeunes gens vont le prendre sous leurs ailes. Il va alors découvrir les fêtes, l'alcool, la drogue, l'amitié et l'amour... 

On découvre ce que pourrait être la vie des jeunes américains de milieu moyen. Pourrait parce que l'auteur en fait trop. Charlie est déjà un jeune homme assez immature et surtout très étrange. Il vit dans son propre monde, est très sensible (trop parfois) et terriblement naïf. Durant l'année entière il va découvrir dans le désordre le suicide de son meilleur ami, les fêtes où la drogue et l'alcool sont de coutumes, l'homophobie, la violence envers les femmes, l'avortement, les affres de l'amour et ceux de l'amitié. Ça fait beaucoup, surtout pour lui, mais aussi pour nous lecteurs qui avons soudainement l'impression que plus l'auteur en fait, moins on a l'impression que tout cela pourrait réellement arriver en si peu de temps et autour de son personnage. Et ça sonne soudain faux parce qu'il y en a trop. Ça sonne faux aussi parce qu'ils sont tous finalement peu approfondis. Il y a tant de chose à dire sur tout cela, Charlie aurait pu réagir différemment sur plusieurs, malgré ses défauts, sa naïveté et le reste. Il n'en reste pas moins que toute la partie traitant de l'homophobie est elle particulièrement bien faite. Elle occupe une bonne part du livre avec la relation entre Patrick et Brad (joueur de football bien viril qui ne s'assume pas du tout) et surtout les conséquences de tout cela. Même si Patrick finit par partir en vrille d'une manière un peu trop exagérée pour moi, tout semble cette fois très réel.

Un autre des défauts pour moi, c'est la passivité que Charlie peut avoir sur sa propre vie. Charlie regarde la vie passée, et c'est finalement tout ce qu'il fait. Il ne prend quasiment pas d’initiative (et lorsqu'il le fait, ça passe plutôt mal d'ailleurs). Ce trait de caractère, celui qui d'ailleurs se distingue le plus, en fait un personnage que j'ai eu du mal à apprécier. Il est aussi spectateur que moi et j'ai eu souvent envie de lui dire de se bouger un peu plus. Les autres personnages sont d'ailleurs un peu tous pareil. Ils se laissent porter, comme savent si bien le faire les adolescents. Peut-être un peu trop pour moi. 

Ne reste plus que le style. Qu'en dire. Il est trop oral, trop jeune pour moi. Je m'explique. Charlie ne me semble pas avoir seize ans. Il semble bien plus jeune, surtout au début du livre. Ce qui est amusant, c'est qu'on sent son évolution dans sa manière d'écrire ses lettres. Cela "grâce" au travail que lui donne en plus son prof de littérature (personnage qui aurait mérité plus de place pour moi vu l'impact qu'il a sur Charlie). Il n'en reste pas moins enfantin, avec un vocabulaire assez pauvre et des réactions trop prévisible. Alors que l'auteur a surement voulu rendre la manière d'écrire de son personnage plus réaliste, il le rend surtout plus jeune et peut réel. 

Et c'est finalement vraiment le défaut du livre pour moi, cette façon d'avoir voulu trop bien faire et de ne pas réussir à rendre une certaine réalité dans le livre. Parce que sans cela, j'aurais surement adoré Le Monde de Charlie. Parce que j'ai aimé pas mal de choses dedans, j'ai aimé voir un livre qui aborde des thèmes qui  ne sont pas si simple que ça (l'épilogue est juste énorme en ce sens dans le fait qu'il nous fait comprendre tant de chose sur Charlie, son attitude mais aussi qu'il traite de quelque chose dont on parle peu). Du coup, je suis plutôt déçu d'avoir trouvé tant de défaut à ce livre et de ne pas avoir pu en profiter pleinement. Je comprends pourquoi il a pu plaire, surtout aux plus jeunes. Il aurait été un très bon livre si l'auteur avait su faire un vrai choix et surtout s'il n'avait pas autant infantiliser son personnage principal. 


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