Mon autrice belge préférée a encore frappé. A peine quelques mois après la sortie du quatrième tome des Outrepasseurs, elle revient avec un nouveau roman YA. Un roman qui comme vous allez le découvrir par la suite ne m'a pas du tout laissé indifférente.
La Lune est à Nous, Cindy Van Wilder
Editeur : Scrineo
Collection : /
Année de parution : 2017
Nombre de pages : 377
A lire si :
- Vous voulez des héros hors-normes
- Vous en avez marre de ne jamais réussir à vous identifier réellement aux personnages
A ne pas lire si :
- Aucune raison de ne pas le lire.
Présentation de l'éditeur :
Max et Olivia n’ont pas grand-chose en commun. Max, solitaire et complexé, peine à s’intégrer dans son nouveau lycée. Olivia, sociable et hyperactive, vient d’être recrutée par la très populaire chaîne YouTube « Les Trois Grâces » et s’investit dans le milieu associatif. Ils n’ont rien en commun, si ce n’est qu’ils sont en surpoids, et que le monde le leur fait bien payer. Lorsqu’ils se rencontrent, ils se comprennent instantanément. Et décident de réagir – chacun à sa manière. L’habit ne fait pas le moine, dit-on… Ni Max ni Olivia ne s’attend aux défis qu’ils vont rencontrer. Et si l’aiguille de la balance n’était pas le seul challenge ? Et s’il était possible de décrocher la lune, même après être tombé à terre… ?
Mon avis
Je tiens à vous avertir avant de commencer. Cet avis risque d'être décousu et surement un peu long. J'ai énormément de chose à dire sur ce livre. De très bonnes choses d'ailleurs. La Lune est à nous est un coup de cœur. Un de ces livres qui se lit en passant par trop d'émotion pour en sortir indemne. Je vais surement beaucoup parlé de moi, de mon ressenti ici. Parce qu'il faut bien le dire, Olivia et Max ont fait plus que me toucher. Ils m'ont rappelé beaucoup de chose. Trop parfois.
Olivia est une étoile montante d'Instagram. Elle vient même d'être recruté par une chaine Youtube, les Trois Graces afin de remplacer l'une des membres. Dis comme cela, la vie semble lui sourire. Sauf qu'Olivia est noire, et grosse. Et ça, pour beaucoup ça ne passe pas. Son succès lui vaut toutes les jalousies, allant jusqu'au pire. Dès le début du roman, elle se voit confronter au harcèlement, que se soit sur les réseaux sociaux ou IRL. Max, lui, vient d'arriver en Belgique suite au divorce de ses parents. Mal dans sa peau, gros et homosexuel, il se replie sur lui-même. Jusqu'à ce qu'il rencontre Olive et se porte à son secours. Tous les deux vont affronter le monde et leur peur.
Cindy Van Wilder se penche dans ce roman sur un thème important, celui de la différence. Un thème qui me touche d'autant plus que ses deux personnages principaux sont gros. Comme moi. Qu'ils subissent leur corps et les injonctions de la norme, comme moi. Si à présent que je suis bien adulte, j'ai réussi à aimer la plupart du temps mon corps, à l'adolescence, c'était bien moins le cas (une série d'article sur mon blog perso explique un peu tout le chemin vers l'acceptation et l'amour de mon corps, elle se trouve là si ça intéresse). Et dès le début du roman, une boule s'est formée dans ma gorge, dans mon ventre aussi, à lire ce qui avait pu m'arriver, ce qui m'arrive encore. Autant dire que j'ai passé une bonne partie de ma lecture en apnée, les souvenirs resurgissant et les larmes aux yeux durant un bon moment. J'ai trouvé très dur de me retrouver confronter à ça. Dur mais tellement vrai en fait. Ce que subisse Olive et Max, à cause de leur poids, c'est ce que j'ai pu subir. Leurs réactions, en grande partie, ont été les miennes. Et rien que pour ça, le roman est génial, en fait. Ok, ce qui est remonté dans mon esprit ne l'était pas mais pouvoir enfin le lire, avoir des personnages qui me ressemblent, que c'est bon.
Et ce qui est encore mieux, c'est qu'il n'y a pas que les gros qui peuvent enfin s'identifier à un personnage. L'autrice a pris pour partie d'intégrer une bonne partie de la population non normée, soit non blanche, non hétéro et j'en passe. Max est homosexuel, tout comme Seb, Olivia est racisée tout comme Imane, sa meilleure amie mulsumane et portant le hijab, ou Joy, asiatique. Certains "cumulent", d'autres non. Mais tous sont particulièrement bien décrit, surtout au niveau "mental". Tous ont une situation compliquée par rapport à leur différence qu'ils gèrent plus ou moins bien. Il y a des discours que j'ai adoré sur cela (le meilleur c'est celui d'Imane sur son hijab et sa foi pour moi). J'ai réellement apprécié ce mélange qui reflète tant la société de maintenant. Mais surtout la solidarité qui se dégage du groupe d'amis. Une solidarité qui va les aider à un moment ou un autre à affronter ce qui leur tombe dessus. La Lune est à Nous, c'est une leçon de vie pour beaucoup. Une leçon de solidarité, de tolérance.
Parce que si durant un bon moment, j'ai eu envie (ok, j'ai même pleuré pour de vrai) de pleurer à cause de mes souvenirs et de ce qu'il arrivait aux personnages, il y a ce message d'espoir qui resurgit de tout cela. Celui que j'aurais voulu entendre à l'époque de mon adolescence. Que j'existe, que j'en ai le droit, que personne n'a le droit de me dire qui je suis, ce que je dois faire. Que ma voix est aussi importante que celle des autres. Et putain, c'est beau.
Je sais pour la suivre sur Twitter que Cindy Van Wilder est très accrochée aux valeurs qu'elle partage dans ce roman, qu'elle s'y intéresse vraiment. Et cela se ressent du coup énormément. Comme se ressente ses lectures (elle parle d'Americanah (qu'il faut vraiment que je lise) ou encore de King Kong Theory dont le début va si bien à Olivia et ses amis). On retrouve aussi l'écriture inclusive qu'elle avait déjà expérimenté dans le quatrième tome des Outrepasseurs. Van Wilder est une autrice engagée et féministe qui n'hésite pas à faire passer ses idées par ses livres. Et qui le fait très bien.
Sur Twitter et instagram, je l'ai déjà dit mais je le refais ici parce que pour moi, c'est important. Merci Cindy pour ce livre. Merci de l'avoir écrit, de redonner un peu de courage à toutes les personnes qui ne sont pas normés, de nous permettre enfin de nous identifier à des personnages, de voir que le monde n'est pas tout noir pour nous, que d'autres sont là pour nous soutenir. Merci d'avoir écrit ce livre. J'aurais voulu le lire quinze ans plus tôt, lorsqu'adolescente, je n'ai pas su répondre à ceux qui me brimaient, que se soit mes parents, les médecins, les autres adolescentes, les injonctions aux régimes, les "t'as pas ta place ici", "grosse vache" et j'en passe. Je sais que ce n'est pas juste un seul roman qui pourra changer notre société mais il peut y aider. Parce que notre voix compte, et parce qu'il est bon de le dire, de le faire comprendre, de se le rappeler.
Les gens, lisez ce roman. Il le faut. Vraiment.
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