mercredi 13 mars 2019

Frankenstein, Mary Shelley

Dans les classiques qu'il me fallait lire, il y a Frankenstein. Je ne saurais vous dire pourquoi je devais le lire. Il le fallait, point. Et voilà, chose faite.

Frankenstein, Mary Shelley

Editeur : Domaine public
Collection : /
Année de parution : 2009
Titre en VO : Frankenstein
Année de parution en VO : 1818
Format : AZW

A lire si :
- Vous voulez découvrir le mythe de Frankenstein dans sa version originale
-Vous aimez les récits dans les récits

A ne pas lire si :
- Vous vous attendez à avoir peur
- Vous vous attendez à un docteur comme la Hammer a voulu le créer.

Présentation de l'éditeur :

Victor Frankenstein ! C'est l'inventeur, le savant maudit ! A quinze ans, il est témoin d'un violent orage foudre, traînée de feu, destruction d'un chêne... Son destin est tracé. Après des années de labeur, il apprend à maîtriser les éléments ; l'alchimie est pour lui une seconde nature. Bientôt il détient le pouvoir de conférer la vie à la matière inerte. Nuit terrible qui voit la naissance de l'horrible créature faite d'un assemblage de cadavres ! L'oeuvre de Frankenstein. Un monstre ! Repoussant, inachevé mais doté, d'une force surhumaine et conscient de sa solitude. Echappé des ténèbres, il va, dans sa détresse, semer autour de lui crimes et désolation. D'esclave qu'il aurait dû être, il devient alors le maître, harcelant son créateur. Il lui faut une compagne semblable à lui... Pour Frankenstein, l'enfer est à venir...

Mon avis

Que connait-on réellement de Victor Frankenstein et de son monstre ? En réalité, de l'oeuvre originale, on a beaucoup oublié. J'ai été bercé par l'image donnée par la Hammer, d'un savant fou qui créa un monstre dont il perd rapidement le contrôle. Une image qui reste bien plus facilement à l'esprit que l'originale, vu que c'est celle qui va être le plus souvent utilisé. Et pourtant, il s'avère que Victor Frankenstein est bien différent, tout comme sa créature d'ailleurs.

Le livre commence par les lettres de Walton à sa soeur. L'homme est sur un bateau dans le cercle arctique et découvre Victor Frankenstein presque mort sur la banquise. Lorsque celui-ci commence à aller un peu mieux, il va raconter son histoire à Walton. Il ne faut pas longtemps pour que Frankenstein arrive à la création de son monstre. Une création dont nous n'apprenons finalement pas grand chose si ce n'est les conséquences. Le jeune homme va abandonner sa création, la vouer à une existence solitaire tandis que lui va faire en sorte de l'oublier et de continuer sa petite vie bien tranquille. Mais le monstre ne va pas supporter ce qu'il est et le voilà qui va poursuivre son créateur. Il se rappellera à son bon souvenir en assassinant William, le jeune frère de Victor. A partir de là, l'inventeur va tout faire pour traquer sa créature et mettre un terme à sa folie.

J'ai apprécié la manière dont les récits se retrouvent dans le roman. On commence et finit par les lettres de Walton, elles posent le cadre de l'histoire et aussi sa conclusion. Ensuite, on trouve le récit de Victor Frankenstein, récit qui semble vouloir nous montrer le jeune homme sous son meilleur jour mais où le lecteur va se rendre compte que Victor est lui aussi un monstre au final. Vers le milieu du récit de Victor, nous allons découvrir celui de sa création après son abandon par Victor jusqu'à ce qu'ils se retrouvent. A partir de ce moment, nous retournons au récit de Victor. C'est une façon de présenter les faits que j'apprécie donc et qui permet aussi de voir tout ce qu'il se passe (lorsque nous suivons Victor jusqu'à son rendez-vous avec le monstre dans le glacier, nous n'avons pas la moindre idée de ce qu'il a pu arriver à celui-ci depuis tout ce temps). C'est aussi une manière de découvrir les différentes facettes des deux principaux protagoniste, Frankenstein et son monstre. Les deux sont assez semblables finalement. Ils souffrent tous deux des mêmes maux mais pas de la même manière.

Le récit se base sur les deux personnages principaux, donc. Des personnages qui se confondent assez au final. Nous avons d'abord Victor Frankenstein, jeune homme sensible et surtout passionné par les sciences. Donner la vie n'est pas pour lui un blasphème ou  je ne sais trop quoi, du moins à la base. Il veut aller toujours plus loin, découvrir plus de chose. Malheureusement, ce qu'il va créer va l'horrifier. Il va abandonner sa création, sans même se poser de question sur son avenir. Il va continuer à vivre sa petite vie, presque tranquillement. Pourtant, il cache son succès (parce que ça reste un succès) et va faire en sorte de s'isoler un peu plus dans le travail. En soi, Frankenstein n'est pas un monstre. C'est un homme qui ne va pas supporter son nouveau statut de "père". IL va préférer le fuir et donc abandonner son "enfant". Un enfant qui va entrer dans le monde de la pire manière qui soit, seul, désorienté, rejeté par son créateur et par la société. Il va devoir se créer seul, lui l'être intelligent mais repoussant. Chacune de ses interactions avec un être humain va mal se passer à cause de sa nature. Il est facilement compréhensible qu'il va nourrir une haine tenace envers celui qui lui a donné la vie. Finalement, le lecteur va se demander qui est réellement le monstre dans l'histoire, la créature qui, livrée à elle-même, abandonnée et rejetée par tous, va finir par tuer les êtres qui sont chers à son créateur en vengeance de son sort ou Frankenstein, qui crée le monstre et l'abandonne par lâcheté. D'ailleurs, les hommes ne sont pas toujours décrits comme bons dans le roman. Exemple, le de Lacey, dont s'éprend le monstre, semblent particulièrement gentils jusqu'à ce qu'il se découvre à eux. Le monstre représente les plus grandes peurs des hommes, celles qui les poussent à faire n'importe quoi, à rejeter l'autre, à le battre. Finalement, il n'est, à la base, pas si méchant que ça (bon après, il va tout de même tuer des gens par vengeance, en faisant du coup, le méchant de l'histoire et surtout l'élément horrifique de celui-ci).

Il est interessant d'ailleurs, de voir que Shelley ne fait pas dans l'horreur pure. Elle suggère beaucoup. Par là, je trouve que son roman s'approche pas mal du roman gothique sans toutefois en être un pour moi (mais les limites du roman gothique sont assez flous, même pour moi). Le lecteur ne va pas trembler d'effroi en lisant Frankenstein. Il va être toucher par l'horreur des crimes qu'il va découvrir mais ne va pas frissonner tout le long. L'idée de base de l'autrice n'était pas là (la Hammer remettra la terreur au gout du jour, tout comme un certain nombre d'adaptation de l'oeuvre qui finira par faire oublier celle-ci). 

Enfin, on trouve une certaine pensée féministe dans le livre. Alors, oui, elle n'apparaît pas de suite, et il faut peut-être la chercher un peu plus que pour d'autre thème. Elle apparait surtout dans une partie des rêves de Frankenstein avec le rôle de la mère. Une mère qui semble absente sans l'être. Le rôle de la mère de Victor est assez peu développé bien qu'elle soit très présente, Victor pensant souvent à elle et rêvant même une fois qu'Elizabeth, sa future épouse, se transforme en elle. Elizabeth a aussi ce rôle là envers les frères de Victor. Et puis, surtout, il y a le rôle lui-même de Frankenstein face à sa créature. Il s'avère qu'on pourrait penser rapidement, surtout en connaissance l'histoire de l'autrice, que la terreur du roman vient surtout de celle de la mère et plus particulièrement de la procréation. C'est tenu, je peux l'accorder, mais c'est bien là. 

Au final, j'ai beaucoup apprécié ma lecture. J'ai aimé lire le mythe de Frankenstein et de son monstre comme sa créatrice a voulu qu'il soit. Alors, oui, ça peut paraitre étrange lorsqu'on est habitué au Frankenstein de la Hammer et de ses dérivés. Franchement, je ne m'attendais pas à un texte aussi complexe, aussi philosophique. Je suis vraiment ravie de l'avoir enfin lu. 

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