Cela faisait un petit moment que je ne m'étais pas plongée dans l'oeuvre de madame Woolf. Il fallait remédier à cela. C'est donc avec la Chambre de Jacob, peut-être le livre que Virginia Woolf aura le plus apprécié, que je continue sa découverte. Puis-je d'ailleurs encore parlé de découverte après quatre romans ?
La Chambre de Jacob, Virginia Woolf
Editeur : Gallimard
Collection : Folio Classique
Année de parution : 2012
Titre en Vo : Jacob's room
Année de parution en VO : 1922
nombre de pages : 363
A lire si :
- Vous avez déjà lu du Virginia Woolf
- Vous aimez les livres à "instantanés"
A ne pas lire si :
- Vous aimez quand tout est droit.
Présentation de l'éditeur :
Comment saisir la vérité sur d'un être ? Jacob Flanders n'est-il pas à la fois cet enfant innocent qui joue sur une plage de Cornouailles, le brillant étudiant de Cambridge, le jeune homme séduisant, entouré d'amis et pourtant seul ? Il n'est aussi un être condamné et qui l'ignore.
En souvenir de son frère mort trop jeune, Virginia Woolf compose ce roman en forme de kaléidoscope mêlant images, impressions et fragments de dialogue.
Mon avis
La Chambre de Jacob est un roman assez particulier dans l'oeuvre de Virginia Woolf. Il marque le tournant entre des romans disons plus conventionnel et les romans à flux de pensée qu'elle utilisera par la suite. Ce roman est le précurseur, celui qui donnera ensuite Vers le Phare ou les Vagues. Il aura reçu des critiques fort peu sympathique, peut-être parce que trop moderne pour l'époque, tout comme des critiques des plus élogieuses. Il est sûr que la Chambre de Jacob n'est pas un simple roman mais pas non plus le chef d'oeuvre de l'autrice.
Nous allons suivre le jeune Jacob Flanders durant sa vie, courte. De son enfance avec des vacances en Cornouailles, à ses années d'études, ou encore aux derniers mois de sa vie. Sauf que si Jacob est bel et bien le centre du livre, il n'est pas finalement le personnage que l'on connaitra le plus. Virginia en a fait un personnage presque muet, assez antipathique pour le lecteur en fait. De Jacob lui-même nous n'apprendrons presque rien. Il ne nous parlera pas, restera silencieux. Ce seront les autres, tous ce qui peuvent l'entourer, sa mère, ses amis... qui vont nous en faire le portrait. La grande force de Woolf est là. Permettre au lecteur de se faire une idée d'un personnage par rapport aux autres, sans jamais mettre le dit personnage réellement en avant.
Elle en profite ainsi pour créer des instantanés de vie. Si le roman nous raconte Jacob, il va aussi nous raconter son monde, son époque et les gens qui l'entourent. Grace à sa multitude de personnage, elle brosse le portrait de Londres avant la guerre, celui d'une Angleterre encore tranquille mais pas tout à fait. Alors parfois, on finit par se perdre avec les personnages, bien trop nombreux, avec les noms. Mais toujours, on retrouve Jacob, lui ou une évocation. Et Jacob devient soudain une sorte de personnage universel, l'âme du roman, celle de son époque. Nous retrouvons aussi dans ce roman un début de féminisme assez présent, sans toutefois être envahissant. J'aime cette facette de l'autrice, engagée et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Le tout est écrit avec poésie, comme sait si bien le faire Woolf. J'ai lu et relu certaines phrases plusieurs fois, tant je les trouvais belle. C'est aussi une écriture qui demande beaucoup à son lecteur. Impossible de faire autre chose dès qu'on se plonge dans ce livre si on ne veut pas perdre le fils de sa lecture. Cela m'arrive souvent, lorsque je m'installe et que ma fille vient me demander telle ou telle chose. Les quelques derniers chapitres ont par exemple du être relu deux fois, elle a la grippe et vient souvent me solliciter.
Au final, j'ai beaucoup aimé cette Chambre de Jacob. Le récit est beau, l'écriture tout autant. Et lorsque l'on sait qu'en plus de cela, il est une sorte d'hommage à Thoby Stephen, l'un des frères de Virginia Woolf, mort quelques années auparavant, c'est encore plus beau. Bref, un roman magnifique, à lire lorsqu'on est tranquille chez soi, à savourer.
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