jeudi 6 août 2020

Déracinée, Naomi Novik

J'ai mis un temps fou à lire ce roman. Il faut dire qu'il est mal tombé. Lire de la fantasy en numérique alors que j'étais en pleine Voie des Rois en papier n'est pas une bonne idée (note pour plus tard, ne pas lire en numérique lorsque je commencerai la suite des Archives de Roshar). Du coup, je dois bien avouer que j'ai eu du mal à rentrer dans le roman et que je ne sais pas vraiment si je l'ai apprécié ou non.

Déracinée, Naomi Novik

Editeur : Pygmalion
Collection : /
Année de parution : 2017
Titre en VO : Unprooted
Année de parution en VO : 2015
Format : AZW

A lire si 
- Vous aimez les contes de fée
- Vous voulez de la magie

A ne pas lire si :
- Vous voulez une belle histoire d'amour

Présentation de l'éditeur :

Patiente et intrépide, Agnieszka parvient toujours à glaner dans la forêt les baies les plus recherchées, mais chacun à Dvernik sait qu'il est impossible de rivaliser avec Kasia. Intelligente et pleine de grâce, son amie brille d'un éclat sans pareil. Malheureusement, la perfection peut servir de monnaie d'échange dans cette vallée menacée par la corruption. Car si les villageois demeurent dans la région, c'est uniquement grâce aux pouvoirs du "Dragon". Jour après jour, ce sorcier protège la vallée des assauts du Bois, lieu sombre où rôdent créatures maléfiques et forces malfaisantes. En échange, tous les dix ans, le magicien choisit une jeune femme de dix-sept ans qui l'accompagne dans sa tour pour le servir. L'heure de la sélection approche et tout le monde s'est préparé au départ de la perle rare. Pourtant, quand le Dragon leur rend visite, rien ne se passe comme prévu...

Mon avis

Comme je le disais, j'ai mis longtemps à lire ce roman. J'ai lâchement laissé mon Kindle prendre la poussière pendant des jours et des jours entre chaque session de lecture, la faute à La Voie des Rois. Ces absences ont une influence certaine sur mon ressenti par rapport à cette lecture. Aurai-je le même avis si j'avais tout lu en quelques jours ? Je n'en suis pas totalement sûre. Mais passons.

Déracinée commence comme un conte de fée. Dans la vallée où vit Agnieszka, notre héroïne et narratrice, vit le Dragon dans sa tour. Oh, pas un vrai dragon. Non, il s'agit d'un sorcier, vivant là afin d'éviter que le Bois, une sombre forêt maléfique, n'avale tout sur son passage. Tous les dix ans, le sorcier vient prendre une fille pour l'amener dans sa tour. Lorsqu'elle en ressort, dix ans plus tard, la fille part de la vallée, comme si plus rien ne la rattacher. Au début du roman, le Dragon vient choisir une nouvelle fille. Alors que tout le monde pense que ce sera Kasia, la si forte, si intelligente Kasia, il choisit Agnieszka. La jeune fille n'a pas d'autre choix que de le suivre et de découvrir pourquoi le sorcier prend une fille de la vallée et ce qu'il se passe pour elle durant les dix ans où elle est enfermée dans la tour. 

Le plus gros défaut que j'ai trouvé au roman c'est sa lenteur de mise en place. Il faut attendre un moment avant qu'il ne se passe réellement quelque chose qui explique les agissements du Dragon. L'arrivée d'Agnieska à la Tour de celui-ci m'a parut duré une éternité. Ce début de roman met en place les personnages principaux de celui-ci mais, je ne sais pas, je ne suis pas sûre qu'il méritait d'être aussi long (toutes les parties où Agnieszka se plaint de ne pas être Kasia, où elle se compare à la si géniale Kasia... m'ont légèrement ennuyée on va dire et elles sont monnaie courantes jusqu'au second tiers du roman). Mais une fois qu'il se passe enfin quelque chose, j'ai commencé à un peu plus rentrer dans ma lecture.

Il faut dire que l'ambiance du roman m'a beaucoup plus. On y sent toute l'influence du Bois maléfique, on le sent qui s'étend, enfonce ses racines dans la terre de la vallée voire même plus loin pour continuer à vivre. La lutte entre lui et les hommes est prenante. Même lorsqu'on est loin du Bois, il est là, il guette. C'est quelque chose que j'ai pas mal apprécié. C'est un ennemi bien plus dangereux que s'il avait tout le long une forme humaine. Là, c'est contre la nature que l'homme se bat. Une nature contaminée, corrompue par quelque chose d'affreux dont on ne sait finalement pas grand chose (la révélation se fait vraiment au dernier moment et, si elle est finalement assez banale, m'a beaucoup plu). Et face à elle, les hommes n'ont que le Dragon, qui vieille comme il peut et les sorciers avant lui.  

Il y a quelques chose de très "Grimm" dans ce roman. Un conte de fée qui n'est pas là pour émerveiller les gens (comme Disney peut le faire en dénaturant les contes originaux) mais bien pour mettre en garde, pour effrayer même. La nature peut à tout moment reprendre ses droits si l'homme continue à lui faire du mal (le roman a quelque chose d'assez écologique en fait). Le Bois gagne du terrain petit à petit et s'agrandit et se défend/attaque dès qu'il se sent en danger. Pourtant, des hommes et des femmes restent à ses abords, vivent sous sa menace et tentent, non pas de l'apaiser, mais de vivre avec lui. Le Dragon et ses prédécesseurs, ne sont pas là pour l'éradiquer (ils pensent d'ailleurs que ce n'est pas possible), mais pour que les humains puissent vivre encore sans être submergé. Il faudra attendre l'arrivée d'Agnieszka et de ses pouvoirs plus porté par la nature que par les livres, pour que les choses changent. 

Une Agnieszka que j'ai finalement assez apprécié alors qu'elle m'insupportait au départ. Le personnage évolue d'une belle manière et devient peut-être la plus lucide de la galerie. J'ai apprécié la manière dont sa présence changer les autres. Elle, la maladroite gamine de la campagne, va petit à petit gagner la confiance du Dragon, le dérider et s'allier à lui pour comprendre plus que combattre le Bois. Mention spéciale aussi pour Kasia, qui fait honneur à son rôle de parfaite prétendante pour le Dragon, en aidant Agnieszka à tout moment. J'ai adoré la manière dont leur amitié est mise en place, dont elles ont besoin l'une de l'autre pour grandir. Cette Sismance m'a beaucoup plus. Et puis, il y a le Dragon. J'ai eu un  petit faible pour ce sorcier, totalement dépassé par ce qu'il lui arrive dès qu'il prend Agnieszka avec lui dans la tour. C'est un être qu'on nous présente comme dépourvu de sentiment, hautain, fier et qui se révèle être bien plus que ça. Les personnages secondaires ne sont pas en reste avec un prince près à tout pour arriver à ses fins et son sorcier qui n'est pas mieux que lui.

Et pourtant, malgré tous ses points forts, je ne sais toujours pas si j'ai apprécié réellement ma lecture. Je lui ai trouvé des longueurs, j'ai eu du mal à suivre quelques passages (il m'est même arrivé de revenir sur certaines pages parce que je ne me souvenais plus de ce que je venais de lire...). Je crois réellement que le livre est bon et que je l'aurai mieux apprécié si lu à un autre moment. Je pense d'ailleurs que je le relirais d'ici quelques temps, dans de bonnes conditions. Il n'en reste pas moins que j'ai été ravie de découvrir ce conte de fée au touche germanique (on y retrouve Baba Yaga par exemple).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire