J'ai énormément entendu parler de Rouille à sa sortie. J'ai longtemps hésité à le prendre et puis, je suis tombée dessus par hasard à la librairie. Du coup, ne résistant que peu à une couverture d'Aurélien Police puis à un résumé promettant du Steampunk à foison, j'ai fini par craquer.
Rouille, Floriane Soulas
Editeur : Pocket
Collection : Fantasy
Année de parution : 2020
Nombre de pages : 432
A lire si
- Vous aimez le Steampunk
- Vous voulez une enquête dans les bas-fond parisien
A ne pas lire si :
- Vous voulez de la romance
- Vous ne voulez pas de lecture un peu sombre
Présentation de l'éditeur :
1897, Paris. Violante est amnésique. Elle ne sait plus qui elle est ni d'où elle vient. Ses uniques indices sont son pendentifs, fait d'une étrange gemme, et son prénom. Placée dans une maison close, les Jardins Mécaniques, elle devient Duchesse, la plus courue des prostituées, dont s'entiche le comte de Vaulnay, énigmatique promoteur ayant fait fortune sur la lune. Lors d'une escapade pour percer le secret de son identité, elle retrouve sa seule amie morte, atrocement mutilée. Violante s'aperçoit vite qu'elle est la dernière d'une série de prostitutée ou d'enfants des rues dont les cadavres n'intéressent personne. La police ne semble pas même se préoccuper de cette nouvelle drogue, la rouille, qui fait rage dans les bas-fond de la capitale. Il ne reste à Violante qu'à mener sa propre enquête.
Mon avis
En tapant la quatrième de mon édition ici, je me suis dit qu'on ne pouvait pas faire plus simpliste comme résumé. On y trouve presque tous les éléments principaux du roman, Violante et son amnésie, le comte de Vaulnay, les meurtres, la rouille... Mais par contre, il manque énormément de chose. Bon, en même temps, soyons d'accord, c'est un résumé qui est là pour donner envie de lire le bouquin et il y arrive plutôt pas mal. Et en plus de ça, il me permet de ne pas en faire un vu qu'il est assez explicite. On va pouvoir entrer dans le vif du sujet.
Rouille et moi, c'est quelque chose d'assez étrange. Dans le peu de story insta que j'ai fait sur lui (je l'ai lu en une journée), j'ai mis en avant le coup de coeur que j'avais eu pour son ambiance Steampunk (qui n'est peut-être pas ma préférée mais qui est parfaitement dosée à mon gout). Il m'a un peu fait pensé à celui de Confessions d'un automate mangeur d'Opium. Mais si j'ai aimé son univers, j'ai eu un peu plus de mal avec certaines petites choses dont on va parler plus tranquillement (idem pour l'univers d'ailleurs). Du coup, oui, j'ai apprécié ma lecture, elle était bienvenue après les quelques pavés de l'été, elle a été divertissante mais pas totalement intriguante. Ce n'a pas été un coup de coeur, mais ça aurait pu. Et je vous explique pourquoi.
Rouille est un premier roman publié. Je suis toujours assez indulgente sur les premiers romans publiés. Je ne sais pas pourquoi. J'ai tendance à moins y voir les défauts ou à les minimiser. Disons que souvent, je vois plutôt les qualités à la lecture. La plus grande des qualités de Rouille, clairement, c'est son ambiance, le côté Steampunk bien présent et ce côté un peu sale des bas-fond parisien. C'est une ambiance que j'apprécie beaucoup (mais ça vous le savez très bien) et qui sert le récit. On nous vend du Steampunk, on a du Steampunk. L'uchronie qui permet d'avoir cette ambiance est par contre peu développée. Ce n'est pas elle qui compte (on apprend au détour d'une phrase que nous sommes sous Napoléon IV par exemple) et ça ne me dérange pas tant que ça, personnellement. Par contre, j'ai été un peu plus déçue de ne pas voir le Paris du roman en mode plus "voyage touristique". A part la Ferraille, immense décharge où vivent les enfants perdus, on ne voit finalement que peu les trois autres quartiers, la Souricières où vit Violante, la Foire (qui apparait sur quelques pages mais pas assez à mon gout) et finalement le Dôme. Mais encore une fois, cela ne désert pas forcément l'intrigue. Disons que c'est mon côté touriste qui me fait dire ça. Bref, l'ambiance m'a énormément plu et j'étais prête à me jeter à la suite de Violante pour découvrir ce qu'il se passait réellement.
Et c'est là qu'entre le roman et moi, on a eu quelques problèmes. Pas insurmontable, vu que le tout fonctionne plutôt bien et que j'ai même eu du mal à lâcher le livre. Comme quoi, on peut ne pas être totalement d'accord avec ce qu'écrit un auteur et aimer quand même ce qu'il a fait. Mais allons-y. Premier point, les tropes utilisés. L'héroïne amnésique à la recherche de son identité avec pour seul indice un étrange médaillon, disons que c'est un peu vu et revu. Sur le coup, j'ai même pensé à un Princesse Sarah à la sauce Steampunk. On remplace le pensionnat par une maison close, et hop, on y est (d'ailleurs, la rivale de Violante se nomme Livia, pas très loin de cette chère Lavinia). Bon, j'exagère peut-être un petit peu mais j'y ai pensé. Ensuite, le fait qu'elle mène l'enquête après la mort de sa seule amie, c'est aussi un trope vu et revu (on revient d'ailleurs sur Confessions d'un automate mangeur d'opium). Mais ça fonctionne bien ici. Sauf que si ça fonctionne, c'est à cause d'un autre problème à mes yeux. Les personnages ne vont pas tout à fait avec ce qu'ils devraient être.
Pour rappel, Violante est une prostituée vivant dans une maison close. Elle y a atterrit après avoir été trouvé par Léon, le grand manitou des bordels de la Souricières. Pour une habitante de maison close, une femme normalement en bas de l'échelle sociale de cette société là, elle a des libertés assez étranges. Violante se permet de tenir tête à Léon mais aussi à Madeleine, la mère maquerelle. Alors, qu'elle leur rapporte à mort et qu'ils la laissent peut-être un peu plus tranquille que les autres, pourquoi pas. Mais disons que c'est un peu trop gros. Et puis, franchement, un proxénète de la réputation de Léon qui en fait est un mec avec un coeur gros comme ça, c'est un peu étrange aussi. Surtout qu'on peut le voir comme le gros bourrin qu'il devrait être (sa manière de traiter certaines choses, dont la mort de Satine, ou un passage dans un certain cimetière par exemple) et après, il fait des minauderies avec Violante, presque comme un père ou un frère affectueux. Quant au dernier personnage principal, Jules, il est peut-être un peu trop tendre pour ce qu'il se passe (par contre, j'ai adoré qu'il soit inventeur de gadget pour Léon, il donne un côté un peu espionnage, style James Bond à l'histoire). Et pourtant, si on oublie un minimum ces incohérences, les personnages sont plutôt bien foutus. J'ai aimé Violante, sa forte tête, sa détermination. J'ai apprécié Jules et son côté protecteur. Quant aux antagonistes, j'ai eu un peu plus de mal avec l'idée d'une sorte de Jack l'Eventreur s'en prenant aux prostituées et certains ficelles sont trop faciles de leur côté.
Enfin, passons à l'intrigue. Si elle m'a été souvent prévisible, elle est agréable à suivre. La recherche du meurtrier qui va se coupler à celle du créateur de la rouille est bien menée. On ne s'ennuie pas une seconde à suivre nos trois apprentis enquêteurs. C'est d'ailleurs plutôt sympathique d'avoir des intrigues qui se rejoignent rapidement et qui ne nous mène pas vers d'innombrables mauvaises pistes (par contre, j'avoue qu'en avoir au moins une, de fausse piste, ne m'aurait pas déplu). De plus, l'intrigue met en valeur l'ambiance et ça, j'adore. Quand je dis qu'on nous vend réellement du Steampunk et pas juste trois boulons et un peu de vapeur, je ne vous mens pas.
Au final, oui, Rouille a des défauts. Floriane Soulas ne va pas toujours au fond des choses, elle a utilisé des tropes vus et revus mais elle a réussi à y mettre sa patte et une ambiance merveilleuse. Elle a un style clair, limpide et surtout qui va droit au but, sans trop de fioritures (et des descriptions passionnantes, ce qui n'est pas toujours le cas dans les premiers romans). Alors, du coup, je lui pardonne volontiers les défauts de Rouille, surtout qu'au final, le roman est assez addictif, j'ai eu du mal à le lacher. Alors, bon, ce n'est certes pas un coup de coeur mais ça reste un bon roman. Si vous voulez une bonne ambiance Steampunk avec une intrigue plutôt agréable à lire, lisez Rouille.
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