mercredi 1 avril 2020

Elantris, Brandon Sanderson

Cela fait une éternité que je n'ai pas lu Sanderson alors que j'adore cet auteur. Fils-de-Brume m'avait énormément marqué et j'avais hâte de retrouver l'auteur. Pourtant, j'ai attendu quasiment six ans avant de me replonger dans un de ses écrits (trop de livres à lire, pas assez de temps, si vous voulez mon avis).  C'est donc avec son premier roman publié que je reprends la lecture de Sanderson. Et franchement, quel roman ! 

Elantris, Brandon Sanderson

Editeur : Le livre de poche
Collection : Orbit
Année de parution : 2017
Titre en Vo : Elantris
Année de parution en VO : 2005
Nombre de pages : 986 (pas assez si vous voulez mon avis)

A lire si
- Vous voulez de la très bonne fantasy
- Vous aimez les complots politiques
- Vous voulez des personnages géniaux

A ne pas lire si :
- Oubliez totalement cette catégorie

Présentation de l'éditeur :

Il y a dix ans, la sublime cité d’Elantris, capitale de l’Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles. Kae est devenue la première ville de l’Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l’héritier de la couronne, on lui apprend qu’il vient de mourir. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d’Elantris…

Mon avis

Bon, je crois que je ne vais pas beaucoup faire durer le suspens. Ceci est le gros coup de coeur. Mais vraiment. Alors, oui, je le savais même avant de commencer le bouquin. Du moins, je savais que j'allais passer un agréable moment de lecture avec un livre où tout ou presque est parfaitement étudié pour mener à la fin. Sanderson est un auteur qui ne laisse rien au hasard et qui fait ça très bien. C'est aussi un auteur qui n'oublie pas qu'en face de son roman, il y a des lecteurs qui ont des sentiments et surtout qui sont capables de ressentir de l'empathie pour ses personnages. Cette combinaison est forcément gagnante si on l'ajoute à une histoire prenante. Forcément, on retrouve tout cela ici et c'est ça qui en font un fort bon roman.

Elantris était une cité merveilleuse de l'Arélon, ses habitants, des dieux. Mais dix avant le début du roman, une catastrophe a détruit tout cela. Elantris fut maudite, ses habitants avec elle. Depuis, le Shaod frappe aléatoirement le peuple d'Arélon. Ceux qui en sont touchés deviennent des Elantriens à la peau couverte de taches noires, au crâne chauve. La maladie touche n'importe qui, noble, paysans, serf. Elle ne fait aucune exception. Sa dernière victime ? Le prince Raoden d'Arélon. Alors que les prêtres l'envoient à Elantris, sa future épouse, Sarène, débarque avec une semaine d'avance à Kaë. Elle apprend la mort du prince en débarquant. Contre toute attende, elle reste. Outre son mariage, qui ne peut être invalidé, elle doit tout faire pour que son pays et l'Arélon s'unissent afin de résister à l'Empire du Fjorden et à ses religieux. D'ailleurs, l'un des dits religieux, un gyorn du nom de Hrathen débarque lui aussi avec la ferme intention de convertir le peuple au Shu-Dereth.  Nous allons suivre tour à tour les trois personnages, Raoden en Elantris, essayant de percer ses mystères de l'intérieur, Sarène à la cour, tentant de mettre des bâtons dans les roues de Hrathen et du roi Iadon, Hrathen faisant tout ce qu'il peut pour sauver Arélon en la convertissant avant que le Wyrn n'envoie ses troupes pour le faire. Leurs chemins mènent tous vers la cité maudite, qu'ils le veuillent ou non. 

J'ai aimé les trois personnages principaux. Mais vraiment. Ce ne sont pas des héros à proprement parler, par contre, ils sont particulièrement humains. Ils ne sont pas parfaits. Raoden, bien que décrit par tous comme quelqu'un de génial (un ami fidèle, un prince aimant et aimé et j'en passe) cache une grande sensibilité, pas mal de doute et beaucoup de travail. Sarène ressemble à l'archétype de la femme forte mais rêve d'être comme toutes les autres femmes. Hrathen est encore plus complexe, déjà parce qu'il est l'un des principaux antagonistes. Prêtre sans vergogne ou presque, complètement dévolu à sa foi, il va se révéler bien plus que ça au fur et à mesure de l'avancée du roman. Je peux même vous dire que si j'ai adoré Roaden et Sarène, j'ai vraiment eu un petit faible pour Hrathen et son évolution. C'est un antagoniste comme je les apprécie, qui n'est pas là juste pour être un méchant de l'histoire. D'ailleurs, c'est le cas de la plupart des antagonistes du roman, qu'ils soient principaux ou plus secondaires. Ils ont tous une histoire qui les rend bien plus que simples méchants. Mais je parle là des antagonistes. Pour les protagonistes, c'est pareil. Tous les personnages sont soignés et le lecteur prend plaisir à les retrouver, surtout qu'il y en a un certain nombre qui gravite autours des trois principaux.

Si les personnages sont tous particulièrement bien foutu, il en va de même pour l'histoire. Forcément, elle regroupe beaucoup de chose que j'apprécie. Il y a des complots politique et religieux, de la magie , un peu d'amour et j'en passe. Je suis dans mon élément avec tout ça et donc un peu plus exigeante aussi. Or, tout est tellement bien mis en place que je ne peux que suivre en frissonnant ce qu'il va se passer (ma fille a du se demander plusieurs fois si maman n'était pas folle). Certains coups ont été plus évidents à voir que d'autres mais Sanderson a réussi plusieurs fois à me surprendre. Mais plus que tout, c'est l'émotion qu'il a insufflé dans son récit qui m'a gagné. J'ai vécu ma lecture comme ça m'arrive assez rarement en fait (d'où ma fille m'a prise pour une folle). Ca faisait longtemps que je n'avais pas réagi comme j'ai pu le faire sur ce genre de texte. Parfois, je me sens un peu blasée quand je lis de la fantasy, parce que j'ai l'impression d'avoir tout lu, tout vu (c'est faux) et que certains auteurs n'arrivent pas à me transporter complètement dans leur monde. Ce n'est pas le cas de Sanderson. 

Et puis, parlons tout de même de l'univers. Comme toujours avec l'auteur, il est foisonnant. Je me rappelle avoir été clairement surprise par la Luthadel de Fils-de-Brume, je lui suis encore plus par Elantris. La cité est un personnage quasi à part entière du livre et n'est pas juste là pour lui donner un titre. Son histoire est juste fabuleuse (à mon avis) et la voir après sa déchéance et non avant m'a encore plus donné envie de voir la ville et de comprendre ce qui lui arrive (en ce sens, je me rapproche beaucoup de Raoden d'ailleurs). D'ailleurs qu'Elantris soit le centre de beaucoup de chose, dont celui de la magie est pour moi un très très bonne idée. La ville cristallise à elle seule le monde qui l'entoure. Ce qui lui arrive depuis dix ans a des répercutions sur tout le pays et sur ses habitants (comment, je vais pas trop le dire pour pas trop spoiler). Ainsi, la magie des Aons, signe capable de quasi tout faire, a presque disparu. Seuls quelques Elantriens arrivent encore à les tracer mais sans effet notable.  Elle est liée d'une manière ou d'une autre à la ville, comme beaucoup de chose. 

Pourtant, malgré mes louanges, avouons que le livre n'a pas que des qualités. Le roman est somme toute assez prévisible, plus particulièrement sur sa fin. Une fin que j'ai trouvé finalement assez simple par rapport à tout le reste et un peu trop "le bien gagne quoiqu'il arrive". D'ailleurs, ce côté un peu manichéen apparait plusieurs fois alors que le livre ne se veut ni noir ni blanc la plupart du temps. J'aurais tendance à mettre ça sur le compte du premier roman, Sanderson étant capable de faire bien mieux par la suite (Fils-de-Brume en est un exemple). Mais ça reste minime et franchement, pas si gênant que ça.

Bref, vous l'avez compris, c'est un gros coup de coeur pour moi. Je m'en doutais et ça c'est confirmé au fur et à mesure de ma lecture. J'ai tout aimé ou presque et j'en redemande encore (là, je finis de lire les bonus, dont une intrigue que l'auteur a enlevé car elle n'ajoutait pas grand chose). C'est un one-shot formidable pour qui veut le découvrir (alors, oui, c'est un one-shot même s'il est trouvable en deux tomes en france). 

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