Second livre lut ce week end. Après ma découverte de l'Ecume des Jours il y a quelque mois, j'ai voulu en voir un peu plus sur Vian.
L'Arrache-Coeur, Boris Vian
Editeur : Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2009 pour mon édition, 1953 pour l'originale
Nombre de pages : 219
A lire si :
- Vous aimez que l'auteur joue avec les mots
- Vous connaissez déjà un peu l'univers de Vian
- Vous n'avez pas peur de la violence
A ne pas lire si :
- Quand je dis violence vous entendez sang et tripes
- Vous avez du mal avec les mères-poules
- Vous voulez des personnages attachants
Présentation de l'éditeur :
Voilà un coin de campagne où l'on a de drôles de façons...La foire aux vieux, par exemple.
Curieuse institution ! On sait bien aussi que tous les enfants peuvent
voler comme des oiseaux dès qu'ils étendent leurs bras - mais est-ce une
raison suffisante pour les enfermer derrière des murs de plus en plus
hauts, de plus en plus clos ? Le psychiatre Jacquemort se le demande -
puis ne se le demande plus, car il a trop à faire avec la honte des
autres, qui s'écoule dans un bien sale ruisseau.
Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit
simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied
de la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous entoure, celui
de nos désirs les plus implacables, où chaque amour cache une haine, où
les hommes rêvent de navires, et les femmes de murailles. Avant-propos
de Raymond Queneau Présentation de Gilbert Pestureau.
Mon avis
L'histoire de l'Arrache-coeur, terme déjà utilisé dans l'Ecume des Jours, est celle de Jacquemort, psychiatre né un an plus tôt complétement vide. Il se rend dans un village enfin de se remplir des gens en les psychanalisant. A son arrivé, il est embauché d'office comme Sage-femme auprès de Clémentine. Celle-ci accouche de trumeaux (des triplés donc). Il va rester dans ce village durant quelques années et l'on va découvrir la vie de celui-ci ainsi et plus particulièrement de Clémentine et des enfants grace à lui.
Je l'avoue de suite, l'histoire ne pas tant emballée que ça. J'ai mis un moment à entrer dedans réellement. Elle n'est pas exceptionnelle. Mais en continuant ma lecture, j'ai voulu savoir ,tout de même, ce qu'il allait arriver et puis j'ai été porté par l'écriture de Vian que je trouve toujours aussi poétique.
Ce que je retiens surtout du livre, c'est la violence qui s'en échappe. Les apprentis de dix ans roués de coup par leur maitre, jusqu'à la mort, la punition faite à l'étalon pour trop faire son travail, mais aussi la foire aux vieux, qui n'est rien d'autres qu'une foire aux esclaves où les vieux sont vendus pour servir de souffre-douleurs, les jets de pierre à tout va et j'en passe (on trouve un viol, des mains coupées parce qu'un enfant n'a pas fait ses devoirs...). Il y a aussi la violence de Clémentine à l'encontre de ses enfants. Elle les délaisse d'abord puis, débordante d'amour finira par les enfermer pour les avoir rien que pour elle. Il y a celle qu'elle se fait pour prouver son amour à ses enfants (manger de la nourriture pourries, les laver avec la langue...).
D'ailleurs le personnage de Clémentine est très particulier. Elle enferme Angel, son mari, durant les deux derniers mois de sa grossesse, puis finalement le rejette complétement. Elle va carrément oublier ses enfants au début de l'histoire, préférant partir escalader des rochers. Ensuite, elle les aimera à tel point qu'elle en deviendra psychotique, voulant les protéger de tout et n'importe quoi, finissant par les enfermer dans la maison et pire... Elle reste pour moi, le personnage le plus interessant de l'histoire.
Mais à côté de toute cette violence qui ne choque que le lecteur, il y a aussi une part de rêve d'enfant. Les trumeaux vont apprendre à voler en mangeant des chenilles bleus, découvrir une liberté qu'ils n'ont pas (et ne vont plus avoir). Et cette petite partie fait un bien fou face à la violence du reste du texte.
Enfin, je parlerais de l'écriture de Vian dans ce roman, toujours aussi belle, toujours aussi poétique. J'aime la manière dont l'auteur joue avec les mots, les arrange à sa sauce, en invente pour mener son histoire. Cela reste pour moi le plus gros point fort de ce roman et permet de faire passer un peu mieux le message de Vian. Je crois vraiment que si j'ai continué au départ le livre c'est vraiment pour cela, bien que j'avoue qu'au bout de la cinquantième page, ce fut pour le livre lui-même.
En conclusion, l'Arrache coeur est vraiment un livre étrange, à la fois violent et poétique. J'apprécie toujours la plume de son auteur, mais j'avoue avoir eu du mal avec l'histoire en elle-même.
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