lundi 2 mars 2020

Roses Mécaniques, Stéphane Desienne

J'ai été opéré de l'appendicite mardi dernier en urgence. Sans parler du mal de chien que ça fait, ça me pose un problème auquel je n'avais absolument pas penser, je ne peux pas lire la "Brique" (aka le Prieuré de l'Oranger) sans avoir mal. Du coup, je me rabats sur le Kindle et Netflix (j'ai enfin fini the 100 et il ne me reste qu'un épisode de The Witcher à voir). Bref, c'était l'occasion de me replonger dans un livre pas trop prenant, avec une touche de pulp et de la SF sympathique, récupéré il y a peu.

Roses Mécaniques, Stéphane Desienne

Editeur : Edition du 38
Collection : du fou
Année de parution : 2019
Format : AWZ

A lire si :
- Vous voulez un roman court
- Vous voulez de la SF d'anticipation
- Vous aimez les thrillers

A ne pas lire si
- Vous n'aimez pas le pulp

Présentation de l'éditeur

Futur proche, quelque part sur la planète Terre. Les robots occupent une place de choix dans notre société. L’utilisation d’androïdes sexuels se généralise, voire se banalise. Pour le proxénète Yuri, c’est l’occasion ou jamais de se faire un paquet de fric avec des machines à sexe toujours au top et opérationnelles 24h/24. C’est sans état d’âme qu’il s’est débarrassé de ses prostituées de chair et d’os. Margot, Cendrillon, Sandra, Safyah et Vicky ont été ses premières victimes. Larguées comme de vieilles paires de chaussettes dans un camp minable, les cinq filles ont décidé de se venger avec pour seul objectif : pourrir le business florissant de Yuri. Seulement, on ne s’attaque pas à Yuri et à « ses roses mécaniques » sans en payer le prix !

Mon avis

Mon amour pour les textes de Stephane Desienne n'est plus à démontrer il me semble. J'aime ce qu'il écrit pour plein de raison. Ça me fait souvent rire (même si parfois, c'est un peu jaune), ça me distrait facilement et je les trouve particulièrement dans l'air du temps. Depuis ma rencontre avec l'auteur en territoire zombie, j'apprécie lire ce qu'il fait. Or, depuis la fin des Editions Walrus (une perte pas possible pour moi en numérique), j'ai un peu, je l'avoue, arrêter de lire l'auteur. Il y a plein de raison à ça, et je ne les explique pas toutes. Il était temps que je le retrouve, parce que faut bien avouer qu'il m'avait manqué.

Roses Mécaniques ne m'avaient pas parlé de suite. Le thème m'intéressait bien moins que les zombies de Toxic ou la religion des Dividendes de l'Apocalypse. Disons que je le trouvais un peu trop racoleur. Or, en y réfléchissant bien, je me suis dis pourquoi pas et j'ai fini par l'ajouter à ma PAL il y a quelques temps. J'avais de plus en plus envie de savoir comment ce thème allait être abordé. Et puis, comme je le disais, lire Stéphane Desienne me manquait. 

Le roman commence par une scène des plus glaçantes et marquantes. L'auteur sait marquer les esprits, il y arrive fort bien ici. Puis, on passe à quelques années plus tard, avec Margot, ancienne pute devenue snipeuse, démontait la tête d'une prostituée androïde. Le ton est donné. Les "naturelles" contre les mécaniques. Un combat qui pourrait être une "querelle de trottoir" entre putes. Or, l'auteur va aller plus loin que ça. Dans les romans de monsieur Desienne, il y a toujours une réflexion sur la technologie, l'humanité et ce que tout cela risque d'entrainer. Ses romans d'anticipations ont toujours quelque chose de gênants dans le fait qu'on ne semble jamais vraiment loin de ce qu'il dit. La critique n'y est jamais facile. Ici, ne nous trompons pas, ce n'est pas la critique des prostituées qui est faite. C'est celle des mac, en premier lieu, du système autours de cette forme-là de prostitution et puis, plus loin, celles des plaisirs virtuels et de "l'avénement des machines". La prostituée mécanique n'est plus vraiment un simple rêve, c'est presque à notre époque une réalité. Le remplacement de l'humain par le robot est une réalité aussi. C'est en suivant les cinq ex-putes (alors, avant de continuer vu que j'emploie plusieurs fois le mot, ceci n'est pas une insulte, et il est assez employé dans le texte pour que je le fasse aussi)(d'ailleurs, pute ne devrait pas être considérée comme une insulte, jamais) mais aussi leur ancien mac, Yuri, que nous pouvons nous faire, nous lecteur, notre propre opinion. 

C'est marrant, ça. J'ai du mal à parler du roman, de ses personnages, de son histoire, bref de ce dont je parle d'habitude. J'ai en tête tout ce que j'ai pu pensé de ma lecture plus qu'elle-même. Peut-être parce que l'auteur nous laisse nous faire notre propre opinion sur tout cela. J'ai trouvé Stéphane Desienne assez neutre dans son discours surtout en ce qui concerne la partie anticipation de son récit. L'impression en vient aussi du fait que les personnages, plus particulièrement les filles, me semblent quelque peu stéréotypés. On y retrouve la princesse, la guerrière, la mère, la bricoleuse (qui contre doute attente est bien Cendrillon)... Le mac, lui, est ce qu'on peut s'en peine imaginer, quelqu'un venant d'un pays de l'est quelconque (il s'appelle Yuri), violent et avide d'argent. Même les robots n'échappent pas à la règle. L'histoire aussi est assez simple au final. Non, vraiment, ce qu'il reste, c'est le discours d'arrière. Et c'est pour cela que je vous invite vraiment à lire ce bouquin.

Alors, oui, Roses Mécaniques n'est pas mon préféré de Stéphane Desienne pour les raisons évoquées au dessus. Malgré un humour toujours bien présent, une partie pulp que j'apprécie et une histoire qui se laisse lire sans problème, j'ai été un peu déçue par les personnages eux-mêmes. Cela n'en reste pas un bon petit roman d'anticipation où la place des androïdes est questionnée de manière intelligente. 

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