mardi 13 novembre 2018

Le Deuxième Sexe, tome 2, Simone de Beauvoir

Deux mois plus tard, enfin, j'ai fini ce second tome du Deuxième Sexe. Pas trop tôt, j'ai envie de dire. Il a été long à lire pour plusieurs raisons et j'ai failli le laisser de côté bien des fois. Mais finalement, je l'ai terminé et il est temps d'en parler un peu.

Le Deuxième Sexe, tome 2, Simone de Beauvoir

Editeur : Folio
Collection : Essais
Année de parution : 1986 
Nombre de pages : 672 (trop peut-être)

A lire si :
- Vous vous intéressez au féminisme
- Vous appréciez les longs essais

A ne pas lire si :
- Vous voulez quelque chose de plutôt court et condensé.

Présentation de l'éditeur : 

Comment la femme fait-elle l'apprentissage de sa condition, comment l'éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire. Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux femmes qui, héritant d'un lourd passé, s'efforcent de forger un avenir nouveau. Quand j'emploie les mots "femme" ou "féminin" je ne me réfère évidemment à aucun archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de mes affirmations il faut sous-entendre "dans l'état actuel de l'éducation et des mœurs". Il ne s'agit pas ici d'énoncer des vérités éternelles mais de décrire le fond commun sur lequel s'enlève toute existence féminine singulière.

Mon avis

Après avoir lu le tome 1 et par là les Faits et les Mythes de la femme, passons au tome deux, l'Expérience vécue. J'avais été emballé par le premier tome que je trouvais toujours d'actualité plus d'un demi-siècle plus tard et qui posait, pour moi, parfaitement la "problématique" de la femme dans notre société. J'avais hâte de lire ce second tome, où Simone de Beauvoir passer enfin aux cas un peu plus concret. Pour cela, elle va décortiquer la vie de la femme, de l'enfance à la vieillesse, en passant par les divers stades de son évolution.

La première partie du livre concerne donc l'enfance et l'adolescence de la femme. Sur cette partie, l'autrice va expliquer comme on devient femme (la fameuse phrase "on ne naît pas femme, on le devient" est écrite dès le début de la partie enfance). Cette partie, et la partie qui suit, la jeune fille, m'ont finalement paru bien pessimiste même si pour beaucoup de chose particulièrement vraie. Ce sont les deux parties qui d'ailleurs m'ont finalement le plus parlé et qui m'ont semblé les plus intemporelles aussi. Malheureusement, ce sentiment-là est vite disparue et j'ai eu du mal avec les parties suivantes.

Je ne dis pas que de Beauvoir a tord dans les parties qui suivent. Parce que ce n'est pas le cas. Ou ça n'était pas le cas. Je pense surtout que le livre a plus d'un demi-siècle et que les temps et les mœurs ont changés. Certaines choses que l'autrice peut dire était ce qu'il se pensait en 1949 et avant et ce qu'il se faisait. Or, depuis, même si la femme reste opprimée par le patriarcat, certaines choses ont changés. 

J'ai eu, par exemple, beaucoup de mal avec des passages de la partie "la Lesbienne", surtout lorsqu'elle compare la lesbienne masculine de la lesbienne féminine, l'une n'étant pas une "vraie" lesbienne par exemple parce qu'elle cherche juste à imiter l'homme. En fait, j'ai eu beaucoup de mal à chaque fois qu'elle parle d'homosexualité que se soit féminine ou masculine, j'ai souvent eu l'impression qu'elle prenait ça pour une tare. Je ne m'attendais pas vraiment à ça venant d'elle, la figure du féminisme français. 

Mais il n'y a pas que ce chapitre qui m'a interloqué. Ceux de l'épouse et de la mère sont, pour moi qui suis à la fois épouse et mère, sortit d'un autre temps. Je ne me suis pas reconnue dans les exemples de l'autrice. Pourquoi prendre toujours des cas si désespérés ? Pourquoi toujours dressé un portrait défaitiste à ce point de la femme et de son rapport à l'homme ? Je veux dire, il n'y a à quasi aucun moment de cas pouvant contrebalancer tout ça. Pour l'autrice, la femme est forcément esclave et femme au foyer. Point. Sauf que ce statut-là a évolué. La femme travaille, n'est pas obligée de dépendre de son époux ou compagnon financièrement, n'est pas obligé d'avoir un homme d'ailleurs. Alors, oui, nous n'avons pas encore gagné notre réellement indépendance, le patriarcat est toujours là et nous le subissons de plein fouet quoiqu'on en dise mais la situation a bel et bien évolué.

J'ai souvent trouvé de Beauvoir dure avec la femme. Ok, il faut la secouer, il faut même peut-être faire un peu pleurer dans les chaumières pour que l'homme voit ce qu'il fait. Mais il n'y a presque pas d'exemple positif de la femme dans les deux parties. C'est dommage. Surtout qu'elle parle de beaucoup de chose fort positive pour la femme et les choix qu'elle peut faire. Il est intéressant de voir parler du birth-control, surtout qu'à l'époque (1949 donc), la France était dans une politique visant à accroître la natalité suite à la seconde guerre mondiale. Idem d'ailleurs pour l'avortement 

Au final, je trouve que ce second tome, bien qu’intéressant sur certain point, est trop daté. Les combats féministes de l'époque sont toujours d'actualité, cela je ne le nie absolument pas, mais ne parlent pas forcément à toutes les femmes maintenant. Je trouve que le premier tome était bien plus intéressant dans son approche. Enfin, il manque pour moi une vraie conclusion. Celle que l'on trouve ici est importante, tout à fait vraie mais manque encore une fois des nuances de notre époque. C'est donc fortement mitigé que je sors de ce second tome. Je comprends pourquoi il a fait parlé de lui, pourquoi il a été important et peut encore l'être. Je pense qu'il a besoin d'être actualisé avec d'autres lectures plus contemporaines (dans le style du Sorcière de Mona Chollet que je veux absolument lire). Et pour ceux qui veulent à tout prix lire de Beauvoir et les deux tomes du Deuxième Sexe, gardé à l'esprit que l'essais date de 1949 et que des évolutions ont eu lieu. 


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