J'ai beaucoup de mal à résister aux couvertures de Zulma, tant elles sont kitch et colorées.Et puis, dans leur collection, on trouve parfois des trucs qui ont l'air bien barré, comme ce roman-là. Et puis, comment résister en lisant ça sur la quatrième : "Cette folle équipée romanesque est aussi la plus piquante réflexion sur l’art littéraire, doublée d’une critique radicale des idéologies et de la gouvernance anonyme, tentaculaire, qui nous aliène jusque dans notre intimité." ?
L’île du Point Nemo, Jean-Marie Blas de Robles
Editeur : Zulma
Collection : littérature
Année de parution : 2014
Nombre de pages : 464
A lire si :
- Vous aimez avoir plusieurs histoires dans un même roman
- Vous voulez du victorien mais aussi du plus contemporain
- Vous voulez une intrigue policière
A ne pas lire si :
- Vous voulez tout comprendre de suite
- Avoir plusieurs histoires dans un même roman ne vous plait pas.
Présentation de l'éditeur :
Roman d’aventures total, tourbillonnaire, conquérant, véritable machinerie de l’imaginaire où s’entrecroisent et se percutent tous les codes romanesques, la littérature populaire, entre passé historique et projection dans le futur, nos hantises programmées et nos rêves d’échappées irrépressibles.
Martial Canterel, richissime opiomane, se laisse interrompre dans sa reconstitution de la fameuse bataille de Gaugamèles par son vieil ami Holmes (John Shylock…). Un fabuleux diamant, l’Anankè, a été dérobé à Lady MacRae, tandis que trois pieds droits chaussés de baskets de marque Anankè échouaient sur les côtes écossaises, tout près de son château… Voilà donc Holmes, son majordome et l’aristocratique dandy, bientôt flanqués de Lady MacRae et de sa fille Verity, emportés – pour commencer – dans le Transsibérien à la poursuite de l’insaisissable Enjambeur Nô.
Par une mise en abyme jubilatoire, cette intrigue rebondissante vient s’inscrire dans les aléas d’une fabrique de cigares du Périgord noir où, comme aux Caraïbes, se perpétue la tradition de la lecture, à voix haute, des aventures de Jean Valjean ou de Monte-Cristo. Bientôt reprise par Monsieur Wang, voyeur high-tech, et fondateur de B@bil Books, une usine de montage de liseuses électroniques…
Avec une ironie abrasive, ce roman-tsunami emporte toutes les constructions réalistes habituelles et ouvre d’extraordinaires horizons de fiction. Cette folle équipée romanesque est aussi la plus piquante réflexion sur l’art littéraire, doublée d’une critique radicale des idéologies et de la gouvernance anonyme, tentaculaire, qui nous aliène jusque dans notre intimité.
Mon avis
L'Île du point Nemo est un livre particulier dans sa structure. On commence gentiment dans une époque qui aurait pu être victorienne si ce n'est la présence d'objet technologiquement trop avancés pour et surtout par un mystère. Un diamant a été dérobé et l'on a retrouvé trois pieds droits portant des baskets du même nom que le diamant non loin des lieux du crime. Puis, on passe à une époque dans le futur, à suivre les employés d'une usine de montagne de liseuses électronique. Les deux histoires semblent ne rien avoir en commun et cette impression va rester durant presque tout le roman.
Je dois bien avouer que je n'ai aimé qu'une partie du roman, celle de l'enquête. La seconde partie, plus contemporaine m'a parut tellement aller dans tous les sens que j'ai eu beaucoup de mal à lire les chapitres la concernant. Trop de personnages, souvent peu intéressants (dont deux qu'on se demande carrément pourquoi eux et leur histoire de cul sont si importants), souvent trop caricaturés. De plus, par rapport à l'autre partie, celle-ci parait toujours plus courte et finalement sans une grande intrigue. La partie enquête, elle, nous offre des personnages plutôt bien caractérisés et surtout une histoire qui nous tient en haleine. Elle nous entraîne aussi un peu partout dans le monde, de Biarritz en Ecosse, puis dans le Transsibérien, à Sydney ou au point Némo, ce lieu dans l'océan le plus éloigné de toute présence humaine. Les tribulations des personnages sont hautes en couleur, emplis de petites anecdotes ou de grandes aventures. Ce qui rapproche les deux restent la littérature du XIX siècle, très présente, que se soit dans les lectures faites à B@bil Book ou dans les noms des personnages et de certains lieux dans la partie "enquête".
C'est vraiment sur cette partie littérature du XIX siècle que le livre se base. Parce que finalement l'Île du point Némo, c'est finalement surtout ça, un hommage aux écrivains et à leurs romans. Alors, on retrouve beaucoup de Jules Verne (vu le nom du roman, c'était la moindre des choses), mais aussi du Hugo par exemple (les noms des cigares), du Dumas père, du Doyle (rien qu'en la personne de Holmes). Si pour certains, on retrouve les titres des romans dans les lectures à l'usine ou dans les fabriques de cigares, pour d'autres, se sont des allusions, noms de personnages ou de lieu. Il est particulièrement amusant de les retrouver presque tous (ma culture générale n'est pas assez élevée pour tout trouvé). De plus, la partie "enquête" ressemble pas mal à un roman de ce siècle-là, malgré la présence d’élément plus futuriste.
Un autre point important, c'est ce qui m'a semblé être "la peur" de l'auteur de voir les livres papiers disparaître. Il y revient régulièrement que se soit dans l'une ou l'autre des parties de son roman. La plupart de ses personnages sont conscients de la valeur d'un livre et du partage des histoires qu'ils comportent. Pourtant, le papier semble ne plus existé, comme le prouvera une des dernières scènes du livre. Il fait du livre papier un trésor, quelque chose qu'il faut à tout prix préserver. Je suis plutôt d'accord avec lui sur ce point, moi qui aime dans le papier (mais qui apprécie aussi le numérique).
Au final, je dois avouer que je sors tout de même dubitative de ma lecture. J'ai apprécié sans réellement aimé certaines parties. L'écriture de l'auteur a grandement aidé à les faire passer, et j'avoue que le regroupement des deux histoires, bien que j'ai compris rapidement ce qui les unissait était plutôt bien foutu. L'Île du Point Nemo est donc un livre particulier, qu'il faut lire tout de même pour son hommage à la littérature (et puis, beaucoup disent qu'il est le chef d'oeuvre de l'auteur)
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