Je n'ai encore jamais lu de nouvelles de cette chère Virginia Woolf. Lorsque j'ai trouvé ce petit recueil à la librairie, je me suis dis que c'était l'occasion ou jamais (en vrai, j'ai une de ses nouvelles dans un de ses essais à la maison, mais comme je n'ai pas encore lu les essais de Virginia Woolf...).
Rêves de Femmes : six nouvelles, Virginia Woolf
Editeur : Folio
Collection : Classique
Année de parution : 2018
Titre en VO : ?
Année de parution en VO
Nombre de pages : 144 (en vrai, 101 si on ne compte pas le dossier à la fin)(que l'on retrouve sur tout les Folio de l'autrice et que je ne lis plus depuis longtemps).
A lire si
- Vous aimez les nouvelles
- Vous comprenez facilement l'ironie
-Vous voulez du féminisme mais pas trop non plus
A ne pas lire si
- Vous voulez des textes longs
Présentation de l'éditeur :
Ces six courtes nouvelles, qui s’étendent sur toute la carrière de Virginia Woolf, condensent tout son génie littéraire. Avec une absolue liberté d’écrire, allant à l’essentiel, elle revendique l’autonomie morale, affective et sociale des femmes, et affirme leur droit à désirer. Pour elle le désir est un «moment d’être» : une expérience sensorielle totale, qu’elle saisit dans une écriture impressionniste. Il en résulte une atmosphère de rêverie langoureuse, de sensibilité érotique qui englobe tout, les êtres, les paysages et le temps. Woolf capture ici superbement l’intimité des femmes entre elles, qui s’affirment comme sujets pensants et désirant.
Mon avis
Ce court recueil comporte diverses nouvelles publiées de ci de là par l'autrice. Ce n'est pas un recueil "officiel" qu'elle a pu écrire (c'est pour ça qu'il n'a pas de titre en VO par exemple). Il comporte six nouvelles donc écrite à diverses périodes et une préface de l'autrice qui est en fait la retranscription de l'une de ses conférences.
Comme toujours avec ce genre de livre, je vais parler des nouvelles une par une.
Les femmes et le roman
La préface du roman est donc une retranscription. Virginia Woolf a fait beaucoup de conférence sur la place de la femme dans la société. Les femmes et le roman tente à expliquer la place des femmes dans la littérature et pourquoi elles ne semblent ne pouvoir écrire que des romans, et non de la poésie ou des essais. Plus que cela, elle va prouver que dans un futur proche, les femmes auront enfin la possibilité de faire autre chose et donc d'écrire moins de romans mais bien meilleurs. Elle prône déjà une émancipation de la femme autrice que personne ne voit forcément à cette époque. Et elle a bien raison, il n'y a qu'à voir son propre parcours. C'est un discours intéressant mais que j'ai trouvé malheureusement un peu trop court (il faut vraiment que lise une Chambre à soi qui regroupe toutes les conférences qu'elle a pu faire à ce sujet).
Un collège de jeunes filles vu de l'extérieur
La première nouvelle est assez courte et elle aurait du être incluse dans La Chambre de Jacob (apparemment au chapitre X). On retrouve d'ailleurs le style du roman, ce début de flux de pensée qui caractérise si bien la production de Woolf à partir de ce roman-là. On y suit une sorte de rêverie dans les dortoirs d'un collège de jeunes filles (plus précisément de Newnham College). Angela, la protagoniste de cette nouvelle, rêve encore du baiser qu'une de ses camarades lui a donné. C'est doux et poétique, parfait pour introduire ce petit recueil.
Une société
Cette fois-ci, point de rêverie, plutôt une certaine désillusion. Dans une société, un groupe de jeunes femmes décident d'évaluer les hommes, leurs compétences et surtout leurs œuvres afin de se prouver que l'homme est bien supérieur à elles. C'est un texte purement ironique et terriblement féministe. La nouvelle renvoie beaucoup à "Les femmes et le roman" dont elle semble être le pendant romanesque.
Dans le verger
Nous revenons à la rêverie cette fois. La jeune Miranda se trouve sous un pommier et rêve. C'est une nouvelle pleine de sons et de bruits. Cette nouvelle a un côté très Alice au Pays des Merveilles. Bien que bien écrite, j'avoue que je ne l'ai que peu apprécié.
Moments d'être : "les épingles de chez Slater ne piquent pas"
Cette nouvelle fut écrire durant (ou juste après) les correction de La promenade au Phare. Elle fait partie des "moments d'être", des textes en flux de conscience écrit en partant d'un souvenir, d'un objet... Ici, c'est à partir d'une épingle de chez Slater que l'on va découvrir la vie de Miss Craye, vieille fille qui vit hors de norme de la société contemporaine. J'aime particulièrement lorsque l'autrice utilise le flux de pensée et ici, sur un format aussi court, c'est particulièrement prenant.
Lappin et Lapinova
Voici ce qui pourrait être un charmant conte sur le couple et ce qui peut unir deux personnes. Sauf qu'écrit par Virginia Woolf, le conte se transforme et devient un récit sur la désillusion qu'apporte le mariage. C'est mignon et cruel, comme peuvent l'être les contes.
Le legs
La dernière nouvelle nous présente un homme ayant récemment perdu son épouse et découvrant enfin ses journaux intimes. Petit à petit, il va découvrir une autre facette de sa femme. Le legs se rapproche pas mal de Lappin et Lapinova pour son thème. Il y ajoute l'aveuglement que l'on peut avoir face aux autres et à soi-même. Bien que lisant les journaux de sa femme, notre homme continue penser qu'elle le voit comme lui se voit (forcément mieux en tout que ce qu'il peut l'être) et surtout, continue à la voir elle comme il le souhaite et non comme elle est réellement. La chute de la nouvelle reste prévisible mais ce n'est peut-être pas l'important ici.
Ce petit recueil de nouvelles m'a bien plu. Il éclaire un peu sur le féminisme de son autrice mais aussi sur sa personnalité (on retrouve beaucoup d'elle dans ces quelques nouvelles je trouve). Il me parait être un bon point de départ pour qui veut la découvrir (il comprend des textes parut à diverses périodes de sa carrière, dont certains sont en flux de conscience et d'autres non). En tout cas, j'ai apprécié et je le recommande pour découvrir l'autrice.
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