J'entame une période SF. J'ai une pile à lire dans le genre (avec plutôt du Space Opéra dedans d'ailleurs mais pas que) qui a tendance à grossir depuis un moment. Il est temps de la vider un peu. Et je commence avec Estelle Faye, dont j'ai aimé Un éclat de Givre. Je me doutais que j'allais apprécié, je ne pensais juste pas que ça serait à ce point.
Les Nuages de Magellan, Estelle Faye
Editeur : Folio
Collection : SF
Année de parution : 2020
Nombre de pages : 306
A lire si :
- Vous voulez du Space Opera sans gros combat spatial
- Vous voulez une histoire de transmission
A ne pas lire si :
- Vous voulez des gros combats.
Présentation de l'éditeur :
27ème siècle. L’Humanité s’est étendue à toute la Voie Lactée. La nouvelle frontière, ce sont désormais les Nuages de Magellan, mais les Compagnies ont fini par renoncer à tout projet de colonisation, préférant les affaires aux rêves d’exploration spatiale. Deux siècles auparavant, l’humanité a pourtant maîtrisé l’énergie sombre, une ressource quasi illimitée, mettant ainsi fin aux guerres pour les énergies fossiles. Ont suivi plusieurs siècles de liberté, d’exploration, d’avancées… Puis, insidieusement, de nouveaux jeux de pouvoir et d’influence se sont mis en place, conduisant à la multiplication des hors-la-loi. Depuis, un mythe court la galaxie : des pirates auraient créé sur Carabe, une planète perdue, une république idéale, hors d’atteinte du pouvoir des Compagnies. Dans l’un des derniers postes frontières avant les Nuages, Dan, une jeune serveuse idéaliste, chante du blues dans un bar pseudo texan tout en rêvant d’aventures stellaires. Elle est fascinée par Mary, une cliente taciturne dont on dit qu’elle serait peut-être une ex-pirate… Les Nuages de Magellan n’ont pas dit leur dernier mot !
Mon avis
J'ai pris ce livre parce que j'ai aimé, énormément, un Eclat de Givre. J'avais très envie de retrouver la plume d'Estelle Faye et de la découvrir sur un Space opera, genre que je ne connais pas assez à mon goût (d'ailleurs, pour la peine, je suis en train de lire Space Opera ! chez les Moutons electriques qui retrace l'histoire du genre de sa création jusqu'à Star Wars, et c'est particulièrement intéressant)(mais on en reparle dès que je l'aurais fini).
Tout commence par Ankhou, un port spatiale et la grève des pilotes contre le monopole des Compagnies sur les voyages spatiaux. La répression du mouvement est violente, terriblement. Ankhou, les pilotes, ses habitants, tout est détruit par les armées des Compagnies pour faire un exemple. A plusieurs années lumières de là, Dan, serveuse de son état, découvre les images avec horreur. Alors que la soirée devient une veillée funéraire, elle va chanter pour l'Ankhou. Une prestation un peu trop remarquée qui va l'obliger à fuir et à se cacher dans la navette de Mary Reed, une de ses clientes. Or, la femme fuit elle aussi les compagnies et entraine sans le savoir Dan dans son sillage. Les deux femmes vont devoir cohabiter pour s'en sortir. Petit à petit, Mary s'ouvre à la jeune serveuse. Elle est en réalité Liliam Rochelle, capitaine d'un vaisseau pirate légendaire et peut-être la dernière pirate à savoir où se trouve Carabe, planète de toute les libertés.
Commençons par nous débarrasser des choses que je n'ai pas totalement apprécié dans le roman. Parce que, oui, il y a des choses que je n'ai pas forcément aimé. La première, c'est une limite assez poreuse entre le jeunesse et l'adulte. Cette limite, on la doit au personnage de Dan, à sa jeunesse (elle doit avoir une vingtaine d'année, peut-être moins) et à son rôle d'apprentie auprès de Liliam. On la doit aussi à quelques passages bien trop vite expédiés. Et ça, c'est peut-être la seconde chose que j'ai moins apprécié. Le roman passe parfois trop vite sur certains points. Après, tout cela est forcément purement subjectif. J'ai une grosse tendance à aimer les pavés qui prennent leur temps et parfois, me trouver avec un livre de 300 pages dans les mains, ça me fait bizarre (surtout que j'ai justement enchainé les gros pavés ces derniers temps).
Maintenant que c'est fait, passons à tout ce que j'ai aimé. Déjà, il y a tout le worldbuilding, comme on dit en anglais, tout l'univers du livre donc. Que se soit les vaisseaux spatiaux et leur écosystème ou les planètes et planétoïde aux histoires riches que l'on va visiter à la suite de Liliam et Dan, j'ai aimé la manière dont tout est mis en place. Mais surtout, tout concorde à mettre en place les thèmes principaux du roman. Rien n'est laissé au hasard, tout nous ramène, d'une manière ou d'une autre à Carabe, cette planète légendaire libre de toutes attaches aux Compagnies. Et franchement, il y a de quoi dire sur le monde, que se soit sa mythologie (la Première Terre, la découverte de l'énergie sombre, la conquête de l'espace avec les Nuages de Magellan comme limite, les lois de bio et cyber éthique etc...), les cultures abordées ou la politique.
Et parlons donc des thèmes. Il y a, bien sûr, la liberté. Celle de partir explorer l'espace, celle de faire ce que l'on veut, de ne pas subir le joug des Compagnies (et donc du capitalisme), de vivre sa vie comme on l'entend. On le retrouve dans chaque histoire des personnages, principaux comme secondaires. Mais c'est Liliam et Dan, et elles seules, qui porte l'autre thème principal, celui de la transmission. Que j'ai aimé suivre les récits de l'ancienne pirate. Ils ont quelque chose de poétique, de doux et de mélancolique aussi. J'ai aimé voir Dan les écouter presque religieusement et commençait à entrevoir sa propre liberté. Les deux s'entremêlent pour nous donner le récit de la Grande Piraterie.
J'ai apprécié que ce récit soit un récit au féminin. J'ai aimé Liliam et Dan, la relation qui se lie entre elle de maitre à élève puis un peu plus que ça. Ca faisait un bon moment que je n'avais pas vu ce genre de relation dans un roman. Et puis, il y a aussi la relation que l'on découvre petit à petit dans les souvenirs de Liliam, celle de la pirate avec sa capitaine, la légendaire Sol Saint-Clair. Oh, bien sûr, il y a des personnages masculins, mais ils ne sont pas parmi les protagonistes principaux et ça fait du bien. Parce que, oui, et re oui, la SF et le space opera, ça peut aussi être au féminin, et même queer et très bien l'être, comme nous le prouve ici Estelle Faye.
Pour conclure, c'est un space opera des plus plaisants qu'Estelle Faye nous livre ici. J'ai vraiment eu un gros coup de cœur pour l'univers et les thèmes, le tout allié au style de l'autrice que j'apprécie déjà beaucoup. Vraiment, je trouve qu'il nous faut plus de SF comme celle que propose l'autrice dans nos vies.
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