J'ai récupéré ce roman lors d'une opération All Star et seulement à force de le voir dans ce genre d'opération. Il ne me disait pas grand chose, je n'en avais pas forcément vu du bien passer. Je me suis juste dit que ça m'occupera bien à un moment. C'est comme ça que j'ai fini par le sortir de ma PAL...
Les chats des Neiges ne sont plus Blancs en Hiver, Noémie Wiorek
Editeur : l'Homme sans Nom
Collection
Année de parution : 2020
Format : AZW
A lire si
- Vous aimez quand ça prend son temps
- Les stéréotypes ne vous font pas peur
A ne pas lire si
- Vous voulez de belles et grandes batailles
Présentation de l'éditeur
Morz est la terre la plus au Nord du monde. Des siècles plus tôt, la neige a cessé de tomber et la glace a fondu, devenue une boue informe et immonde.
Il y a une ombre dans l'Est de Morz ; celle de Noir, un esprit maléfique prêt à tout pour provoquer la ruine du royaume. Sur ses talons court le Second, un guerrier prodigieux, plus cruel et féroce que tous les séides gravitant autour d'eux.
Il y a un enfant sur le trône de Morz : on attend de lui la ferveur de ses ancêtres pour maintenir le royaume dans la Lumière. Mais le prince Jaroslav doute de sa place, de son pouvoir et ne souhaite qu'une seule chose : vivre en paix.
Et dans le Nord, près des montagnes, ourdissent les sorcières, vengeresses, dévorées par le rêve incertain de refaire un jour tomber la neige sur leur monde déchu.
Mon avis
Pour une rare fois, j'ai lu la quatrième de couverture avant de me plonger dans l'ebook. Disons que je ne me souvenais pas de pourquoi j'avais pris ce roman au titre si long et presque poétique. Surement à cause de ça, d'ailleurs. Parce que bon, le résumé à l'air sympa mais alors qu'est-ce que ça fait gros poncif de la fantasy ! Non franchement, appeler celui qui semble être le méchant de l'histoire "Noir", et puis ce prince-là, qui doute et les sorcières aussi. Tout indique un texte ultra stéréotypé. Et si, justement, il était là le piège ? Dès le résumé. Alors j'ai commencé. J'ai lu le premier prologue. Et le second. J'ai trouvé l'écriture à la fois poétique et mélancolique. Et en même temps quelque peu violente. Alors j'ai continué. Et j'ai été prise au piège. Ne vous fiez pas au résumé (mais à force, on finit par le savoir).
Dans le royaume de Morz, la neige ne tombe plus. Depuis l'arrivée des humains et de leur dieu, Eldan, elle a tout simplement disparu. Pourtant, dans l'ombre des cavernes, Noir rêve de celle-ci, espérant pourvoir un jour la faire tomber. Alors, avec les N'Dus, un peuple vivant dans les grottes et quelques humains, il s'est élevé contre le royaume. Son Second, Agniezska, est devenu son bras armé, celle qui terrifie les habitants de Morz. Mais le Prince Jaroslav, auréolé par la gloire d'Eldan compte bien les mettre six pieds sous terre. Commence alors la dernière bataille pour Morz dans un camp comme dans l'autre.
Premier point important, n'imaginez surtout pas qu'il y est un côté gentil et un côté méchant. L'autrice met tout le monde ou presque dans le même panier. Presque parce qu'il se dégage tout de même une protagoniste de la chose, le fameux Second, Agniezska. C'est elle que l'on va surtout suivre. Dans un roman classique, elle serait une méchante, je crois. En tout cas, elle est du côté de l'entité maléfique. Entre elle et Noir, le lien est très fort. Ce n'est pas de l'amour, ni tout à fait de la dévotion. C'est autre chose et c'est ça qui amène la femme à faire ce qu'elle fait. Mais il faut dire qu'Ania n'est pas une simple femme. C'est une guerrière au sang de sorcière, même si elle le rejete. C'est aussi une sorte de drapeau pour ceux qui suivent Noir. C'est à elle qu'il obéisse. Or, Ania, souvent, doute. Et plus elle doute, moins elle voit la nécessité de faire venir la neige. La seule chose dont elle semble être sûre, c'est qu'elle et Noir sont liés et que rien ne changera ça. Du côté des humains, le doute aussi est là. Je crois qu'avec la mélancolie, c'est l'un des sentiment les plus présent du roman. Jaroslav, tout jeune prince, encore un enfant, ne voir que par Eldan. Or cet aveuglement l'entraine peu à peu dans la folie. Celui qui aurait pu être, d'une manière ou d'une autre, le roi qui sauvera son peuple de la menace de Noir devient une menace lui-même et pour son propre royaume.
Oui, déjà, là, on commence à se douter que la plupart des clichés et trope de la fantasy vont prendre mal. En fait, ce n'est pas tant qu'ils prennent mal, c'est surtout que l'autrice les retourne pour mieux les adapter à sa situation. Le fait que l'on suive principalement Agnieszka change tout. Elle est le champion de Noir, et du coup, elle pourrait être l'héroïne du roman. C'est elle qui part en quête et non pas Tomislav, le champion du prince. D'ailleurs, Tomislav est un champion d'apparat. Oui, il est bon au combat mais il est surtout là pour la paraitre et pour s'amuser aussi un peu avec un ennemies to lovers pas tout à fait comme on l'entend. Clairement, pouvoir suivre le côté "adversaire" du "bien" a quelque chose de presque jouissif. Surtout, ce que j'ai aimé, c'est voir que rien n'est ni blanc ni noir dans ce monde. En fait, comme Morz au moment de l'action, tout y est gris et presque éteint. Il n'y a que presque plus rien de bon dans ce royaume. Tout y est corrompu et on se demande, si finalement, ce n'est pas Noir et son rêve (qui lui a était quasiment implanté par les sorcières) qui a raison.
Tout cela est servi par un style qui ne fait qu'accroître une bonne partie de ce sentiment. Noémis Wiorek prend son temps. Elle fait avancer son histoire petit à petit et surtout, elle nous glisse dans la peau de ses personnages. Tout est en introspection, même durant les batailles. D'ailleurs, sur les trois batailles du roman, on ne voit que très peu de combat en réalité. Dans la tête des protagonistes, c'est plutôt l'inutilité de la guerre que l'on voit, alors même qu'ils se couvrent de sang à force de tuer et de massacrer. Si, personnellement, j'aime beaucoup ça, je crois que ce point-là risque d'en rebuter quelques uns par contre. Le roman prend son temps parce qu'il ne se focalise pas sur l'action en elle-même. Il faut aimer entrer complétement dans la tête, souvent folle, des personnages. Savoir y lire la folie, mais aussi la nostalgie d'un temps que personne n'a connu et qui ne reviendra peut-être pas. Il faut aimer la lenteur aussi. Car, bien qu'il se passe beaucoup, c'est vraiment dans la dernière partie que tout s'accélère. Ce sont des choses que j'aime assez et que j'apprécie beaucoup.
Finalement, ce roman, pour moi, est une vraie petite pépite qu'on ne voit pas assez. Alors oui, il peut paraitre lent, oui, il y a quelques coquilles dans le texte (moins que ce à quoi je m'attendais par contre vu les avis que j'ai pu voir là-dessus), oui, il faut apprécier les introspections, la nostalgie, la violence, la poésie d'un moment déjà bien perdue. Mais les Chats des Neiges se mérite je crois bien. Il n'est pas forcément à mettre entre les mains de tout le monde (ça fait un peu éliste non ?).
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