jeudi 6 février 2020

Je suis fille de Rage, Jean-Laurent del Socorro

J'avais beaucoup aimé Royaume de Vent et de Colère, paru il y a quelques temps déjà. Si je n'ai pas encore mis la main sur Boudicca, je n'ai pas hésité à prendre ce Je suis fille de Rage lorsque je l'ai croisé à la librairie. Faut dire que l'objet est beau et qu'il donne bien envie d'être lu.

Je suis fille de Rage, Jean-Laurent del Socorro

Editeur : ActuSF
Collection : Les trois souhaits
Année de parution : 2019
Nombre de pages : 519

A lire si :
- Vous aimez les romans historiques romancés
- Vous voulez en savoir plus sur la guerre de Sécessions

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas les romans multichoraux.

Présentation de l'éditeur

1861 : la guerre de Sécession vient de commencer. Du général Grant à la simple soldate, de la forceuse de blocus à l'esclave affranchie… Autant de personnages pour décrire tous les visages de cette Amérique ensanglantée pendant quatre années de conflit.
La mort se réincarne pour arpenter ce Nord et ce Sud qui se déchirent. Elle va faire face à celui qui la convoque, le président Abraham Lincoln, pour lui faire comprendre que cette guerre doit désormais épouser une cause plus grande : celle de l’abolition de l’esclavage.

Mon avis

Avant de parler de ce qui se cache dans le livre, parlons un peu de l'objet. J'aime les beaux livres et là, je suis quelque peu servi. Nous voici avec une belle couverture bien épaisse, avec une illustration en médaillon. Les rubans du titre et de l'auteur sautent clairement aux yeux. Il y a un signet de la même couleur que la couverture pour marquer la page. Le tout fait très livre ancien, ce qui va parfaitement avec le texte à l'intérieur. Il est aussi plutôt léger (ce qui est agréable vu qu'il est tout de même volumineux). Bref, je suis plus que ravie de l'avoir dans ma bibliothèque où il trône fièrement à coté de Gagner la Guerre, de l'intégrale des Lames du Cardinal et de mes vieux Jules Verne.

L'intérieur est tout aussi intéressant que son extérieur. Je ne suis pas une pro de la guerre de Sécession. Pour tout dire, ce n'est pas la période qu'y m’intéresse le plus de base et le peu que j'en sais me vient plus des Tuniques Bleues (la bande dessinée) que des livres d'histoires. Heureusement pour moi, ce n'est pas gênant. Jean-Laurent Del Socorro est un très bon conteur, la mise en page du livre permet où et dans quel camps nous sommes et le livre est assez romancé pour ne pas être un simple court d'histoire.

L'auteur nous entraîne donc dans la guerre, et pour cela, il va utiliser de nombreux profils, que se soit côté Nord ou côté Sud. Le changement de point de vue est fréquent, tout comme celui de camps ou de lieux. Mais, le lecteur ne s'y perd pas trop (sauf pour les noms, j'avoue que j'ai eu du mal à me rappeler qui était qui et à ne me servir au final que des titres que leur donne l'auteur). Il faut dire qu'avec sa dizaine de personnages, del Socorro nous offre autant de voix bien précise. C'est toujours quelque chose que j'admire dans ce genre de roman, la capacité des auteurs a trouvé des voix bien distinctes, assez en tout cas pour savoir qui parle en seulement une ou deux phrases. Il y a forcément des personnages qu'on appréciera plus que d'autres. Personnellement, j'ai adoré Minuit, Sherman et Caroline. Pour d'autres personnages, nous ne les découvrirons qu'à partir de documents véridiques traduit par l'auteur (le Général Grant pour le Nord, le Général Lee pour le sud par exemple). Cette approche est intéressante et remet le texte dans son contexte historique. Et puis, on retrouve la Mort (qui parle en italique)(j'ai personnellement râlé parce que pour moi il parle en petite capitale, non mais). C'est la partie fantastique du récit, celle qui relie un peu le tout. Son dialogue avec le président Lincoln donne le ton du roman et nous quitte tout le long de notre lecture.

Comme je le disais, on passe de partie romancée à des textes historiques (lettres la plupart du temps). C'est quelque chose que j'ai apprécié. C'est forcément la féru d'Histoire qui parle là, mais la lectrice aime aussi. C'est agréable de savoir sur quoi a pu se baser l'auteur. Pas que je doute de ce qu'il a pu écrire (l'auteur est connu pour ces récits historico-fantastique, ce n'est pas pour rien), juste que j'aime ce genre de documentation. Je trouve, en plus, que ça s'intégre parfaitement au texte (vous me direz, c'est normal). La partie romancée est elle aussi passionnante. J'ai apprécié la présence de femmes en tant que femmes dans l'armée (à savoir que oui, il y en a eu mais souvent déguisée en homme ou infirmière, pas soldates). Jean-Laurent del Socorro avait déjà mis des femmes en avant dans ces récits (Axelle dans Royaume de Vent et de Colère, Boudicca dans le livre du même nom), je suis ravie qu'il continue sur cette lancée. Surtout que ses femmes font partis des personnages les plus marquant pour moi (et pas seulement parce qu'elles sont femmes justement). J'ai surtout aimé l'humanité que l'on retrouve dans tous les personnages, cette manière qu'ils ont de voir la guerre et ce qui l'entoure, un mélange de rage et de résignation. Il en va de même pour toute la notion de liberté qui plane sur le livre. Celle des esclaves, bien sûr, mais pas que.

Ce qui aurait pu être un banal livre sur la guerre de Sécession (je ne sais toujours pas écrire ce mot du premier coup...) se révèle être un roman passionnant que se laisse tranquillement dévoré. J'en ai appris un peu plus sur la fameuse guerre et sur l'abolition de l'esclavage qui en découla. J'ai adoré le mélange des diverses voix, vraiment bien maîtrisé. Ce n'est pas tout à fait un coup de cœur mais on y est presque. Bref, c'est un roman fantastico-historique que je recommande vraiment.

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