lundi 7 septembre 2015

J'irais cracher sur vos tombes, Vernom Sullivan/Boris Vian

J'irais cracher sur vos tombes, c'est le genre de livre dont tout le monde parle, en bien ou en mal et que tu sais, forcément, qu'il va falloir le lire un jour. Il a passé deux ans dans ma PAL avant que je ne me jette à l'eau. Et pour tout dire, il a été loin de ce que j'espérai pour lui.

J'irais cracher sur vos tombes, Vernom Sullivan/Boris Vian

Editeur ; Le livre de poche
Collection : /
Année de parution : 2007 pour mon édition, 1946 pour l'original
Nombre de pages : 220

A lire si :
- Vous voulez être choqué
- Vous savez lire entre les lignes

A ne pas lire si :
- Vous n'aimez pas le porno, la violence et tout ce qui va avec.

Présentation de l'éditeur :


Si vous le lisez avec l'espoir de trouver dans J'irai cracher sur vos tombes quelque chose capable de mettre vos sens en feu, vous allez drôlement être déçu.
Si vous le lisez pour y retrouver la petite musique de Vian, vous l'y trouverez. Il n'y a pas beaucoup d'écrits de Vian dont il ne suffise de lire trois lignes anonymes pour dire tout de suite : " Tiens, c'est du Vian ! " Ils ne sont pas nombreux, les écrivains dont on puisse en dire autant. Ce sont généralement ces écrivains-là qui ont les lecteurs les plus fidèles, les plus passionnés, parce que, en les lisant, on les entend parler.
Lire Vian, lire Léautaud, lire la correspondance de Flaubert, c'est vraiment être avec eux. Ils sont tout entiers dans ce qu'ils écrivent.Ca ne se pardonne pas, ça. Vian a été condamné. Flaubert a été condamné... Delfeil de Ton.


Mon avis

Comme je le disais en introduction, il y a des livres qu'on a envie de lire à force d'en entendre parler. J'irais cracher sur vos tombes en fait partie. J'ai toujours été attiré par ce titre, peut-être parce que je suis grande fan de Saez (et que je voue un culte à J'irais baiser sur vos tombes, chanson tirée de Katagena, son second album), peut-être parce que les livres à réputation sulfureuse me plaisent. Bref, je me devais de le lire. Et pourtant, il y a trainé des lustres dans l'étagère de la PAL. Parce que justement, l'aura sulfureuse me faisait tout de même un peu hésité et qu'une personne dont l'avis est souvent le même que le mien n'a pas du tout aimé. J'ai tout de même fini par le sortir de la PAL. 

En 1946, Boris Vian prend le pseudo de Vernon Sullivan pour écrire ce livre, suite à une espèce de pari. Il voulait écrire un livre noir, un peu comme Tropiques du Cancer sorti en 1939. Adieu donc la plume si inventive de l'Ecume des Jours, bienvenu le roman plus "terre à terre". Il se fait donc passer pour un auteur noir américain et écrit un roman dont le héros est un mulâtre (soit avec du sang noir et blanc), dont la peau est assez blanche pour passer pour un blanc. L'homme se lance dans une vengeance contre les blancs suite au lynchage de son petit frère, coupable d'avoir aimé une blanche. L'idée était donc de faire un roman dénonçant l'absurdité des lynchages de noir aux USA, ainsi que celle de la vengeance d'ailleurs. Et pour cela, Vian/Sullivan décida de le faire de manière choquante. Car, on le sait tous, plus ça choque, plus ça reste dans l'esprit (regardons notre problème actualité avec la photo du jeune syrien de trois ans, mort sur la plage suite au chavirage de l'embarcation de fortune qu'il a dut prendre avec sa famille pour fuir un pays dévasté). 

Du coup, Vian/Sullivan offre à ses lecteurs un roman ultra violent avec  ce qu'il faut de pornographie dedans. Et c'est cette partie là qui fâche chez moi. En elle même, la pornographie n'a rien de bien "choquant" (enfin, ça dépend l'état d'esprit de la personne aussi). Qu'un mec couche avec toutes les femmes qu'il croise, soit. Ca peut plaire ou non. Le fait que l'homme est vingt-six ans et que les femmes en question en est dix de moins, ça commence déjà à me gener un peu plus. Celui que la plupart du temps, ça ressemble quand même vachement à un viol, ou une tentavie, là ça me dérange réellement. Or, c'est clairement ce qu'il se passe la plupart du temps. L'homme, Lee, va baiser tout ce qui a une paire de sein, de manière généralement violente, la fille prise au dépourvu ou trop bourrée pour s'en rendre compte. Déjà, le sentiment de malaise s'installe. Et puis, il y a cette scène, ignoble et gratuite où le narrateur et l'un de ses potes se payent des prostitués d'une dizaine d'années. Pouf, passage de la pornographie à la pédopornographie et là, pour moi, c'est pas possible. Comme je le disais, c'est gratuit, ça aurait très bien pu  ne pas être là et c'est juste dégueulasse, parce que les pauvres gamines ne comprennent que trop tard ce qui leur arrive, parce que les deux hommes n'en ont rien à foutre. Et du coup, ça a plombé ma lecture, mais carrément. Franchement, y avait-il vraiment besoin de cette scène ? Le reste, je l'ai lu en mode automatique, avec toujours cette envie de vomir. Une simple scène est voilà toute la lecture qui en prend un coup. Moi qui avait aimé Vian dans l'Ecume des Jours et l'Attrape-cœur, j'ai carrément été dégoutté par ce J'irais cracher.

Du coup, je n'ai pas aimé le livre, forcément. Du tout. Dommage, parce que l'idée de choquer pour faire réagir était sympa, parce que l'histoire, si on lui enlève ces scènes de sexe était plutôt sympa. Mais là, non. Je ne peux pas. Cette scène aura tout gâché pour moi ; le message du livre, le plaisir de lecture aussi. Sans elle, mon avis aurait été bien différent, mais elle est là.

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