vendredi 4 septembre 2015

Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Souvent, lorsque j'ai trop de livres dans la PAL et aucun qui ne me dise vraiment au premier abord, je fais un tour sur le générateur de livre au hasard de livraddict. Petit programme fort sympa qui débloque un peu des vieux livres de la PAL. Je trouve amusant qu'après une lecture papier de Vita Sackville West, il me propose un Virginia Woolf. Comme si c'était fait exprès.

Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Editeur : Folio
Collection : Classique
Année de parution : 2005 pour celle-ci
Titre en Vo : Mrs Dalloway
Année de parution en VO : 1925
Nombre de pages : 358 (le roman en lui-même doit en faire environ 250, mais on retrouve un avant-propos très long (pas lu d'ailleurs, je le ferais ce soir, il en révèle souvent trop de l'histoire), une chronologie de la vie de l'auteure, les notes de bas de pages en fin de roman, une carte, une petite histoire de l'écriture du livre et une bibliographie des écrits de l'auteure)

A lire si :
- Vous aimez le Londres du début des années 1900
- Vous aimez les histoires dans les histoires

A ne pas lire si :
- Vous voulez des passages bien délimités pour chaque personnage
- Vous voulez de l'action

Présentation de l'éditeur : 

Le roman, publié en 1925, raconte la journée d'une femme élégante de Londres, en mêlant impressions présentes et souvenirs, personnages surgis du passé, comme un ancien amour, ou membres de sa famille et de son entourage.
Ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, le mouvement et l'immobilité. La qualité la plus importante du livre est d'être un roman poétique, porté par la musique d'une phrase chantante et comme ailée. Les impressions y deviennent des aventures. C'est pourquoi c'est peut-être le chef-d'œuvre de l'auteur - la plus grande romancière anglaise du XXe siècle.

Mon avis

Mrs Dalloway est le troisième livre que je lis de Virginia Woolf et pour le moment, le plus accessible des trois, je dirais. Après avoir lu les soliloques des personnages de Les Vagues, revenir à une narration un tout petit peu plus classique chez Woolf fait du bien. Enfin, classique. Nous parlons là de Virginia Woolf, qui finalement ne fait pas grand chose comme les auteurs de son époque que j'ai pu déjà lire.

Cette fois, elle nous embarque dans une journée de la vie de Clarissa Dalloway, femme mondaine de Londres. De sa promenade matinale pour trouver des fleurs à la fin de la journée et donc de sa soirée, nous allons suivre cette charmante dame. Mais comme souvent, Woolf ne se contente pas de ce seul personnages et petit à petit, va en introduire d'autres que nous suivrons aussi, parfois longtemps, parfois sur seulement quelques lignes. Le tout formant un ensemble comparable à celui de Vers le Phare (même si Mrs Dalloway a été écrit avant vers le Phare, je ne peux m'empêcher vu mon ordre de lecture de faire cette comparaison). Finalement, ce n'est donc pas réellement les actions des personnages que nous suivons mais leurs pensées. Et à travers ces pensées, c'est la vie londonienne qui nous apparaît. Mais pas que.

Alors bien sur, oui, nous visitons Londres. On penserait pas forcément le faire vu que l'intrigue reste la préparation du dîner chez les Dalloway et surtout que la Clarissa de cette journée-là va sortir uniquement le matin. Mais Virginia Woolf passa d'un personnage à l'autre ultra rapidement et surtout facilement en suivant le cours de leurs pensées, nous voyageons dans quasiment tous les quartiers et cela au son de ce cher Big Ben. Mais en plus de cela, nous nous promenons dans la vie des personnages. Et c'est là que j'adore Virginia Woolf, capable de faire des retours en arrière particulièrement interessant sans toutefois perdre le fils du présent. Ce genre de procédé sera aussi utilisé sur Vers le Phare, mais de manière moindre. Ici, certains personnages vont nous renvoyer dans leur passé par la pensée, sur certains événements ayant à voir avec les gens ou les lieux en face d'eux. Du coup, ce qui est super sympa, c'est qu'on finit par connaitre les personnages parfaitement (plus particulièrement Clarissa, Peter, Septimus ou Rezia), leurs vies. J'adore ça personnellement.

Et puis, derrière cette histoire qui semble pour le coup peu intéressante sur la préparation d'une soirée, il y a surtout cette vision sa vision de la dégénérescence mentale. Elle utilise plus particulièrement les personnages de Clarissa et de Septimus pour cela. Clarissa qui souffre un peu de sa vie, qui semble pourtant tellement géniale pour l'époque. Septimus, revenant de la première guerre mondiale, dont le cerveau et la psychée ont grandement souffert et qui petit à petit sombre dans la dépression et la folie. D'ailleurs, mon édition, et plus particulièrement dans la partie sur l'écriture de Mrs Dalloway, les passages du journal de Virginia insiste sur le fait que c'est finalement d'elle et de ce qui lui arrive (elle est dans une de ses périodes de dépression, semble-t-il) dont elle parle. Elle met du coup une touche personnelle (comme souvent dans ses romans) qui les rendent encore plus interessant. 

Tiens, j'aimerais bien revenir sur l'écriture du roman d'ailleurs. A la base, Virginia a écrit deux nouvelles, qui sont par la suite devenue le début de Mrs Dalloway. Dans l'idée, elle voulait faire de cette journée là, de ces personnages là, les éléments d'une sorte de recueil. Puis finalement, elle va en faire un roman, remaniant les deux premières nouvelles pour en faire le début, changeant la fin qu'elle entrapercevait au début (Clarissa devait mourir, se suicider apparemment, dans les versions nouvelles) et surtout y mettant finalement plus d'elle-même que prévu. On découvre aussi que le couple Dalloway a déjà fait une apparition dans l'un des romans de l'auteure The Voyage Out, traduit en français par la Traversée des apparences. Bref, comme souvent avec la collection Folio Classique, on trouve plein plein de chose super passionnante à la fin. Pour info, la plupart des nouvelles concernant Mrs Dalloway ont été publié dans des recueils

Au final, on comprend mieux pourquoi Mrs Dalloway est le roman le plus connu de Virginia et peut-être aussi le plus apprécié. Entre l'écriture, toujours parfaite, de Virginia Woolf, le flux de conscience qui sert de narration mais aussi l'histoire et sa manière d'être mise en forme, tout est fait pour que ce livre soit un grand classique. Il est aussi parfaitement représentatif de son auteure (sexualité diverse, dépression, alitération de l'être...) mais aussi de son époque. Bref, un grand roman, vraiment (même si je lui préfére pour l'instant les Vagues, quoique sa lecture ne soit pas simple)

4 commentaires:

  1. Je suis une grande fan de Virginia Woolf :)

    RépondreSupprimer
  2. C'est le seul Woolf que j'aie lu mais j'ai aussi été très touchée par l'écriture, très féminine :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'écriture de Virginia Woolf est superbe, et surtout, je trouve, très contemporaine finalement. Mrs Dalloway est parfait pour une première lecture de Woolf (moi, j'ai commencé par les deux plus durs, il parait... Les Vagues et Vers le Phare). Elle a vraiment un petit truc en plus par rapport à pas mal d'autres auteures

      Supprimer