lundi 22 juin 2020

Le Guerrier des Altaii, Robert Jordan

En grande fan de la Roue du Temps, je ne pouvais que lire ce Guerrier des Altaii. Un livre de l'auteur, jamais publié et récemment retrouvé, c'est un véritable trésor. Mais outre l'aura de son auteur, est-il bon, ce roman ?

Le Guerrier des Altaii, Robert Jordan

Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Année de parution : 2020
Titre en VO : Warrior of Altaii
Année de parution en VO : 2019
Nombre de pages : 384

A lire si : 
- Vous voulez de la fantasy somme toute assez classique
- Vous voulez un one-shot (pa négligeable quand il s'agit de Jordan)

A ne pas lire si 
- Vous vous attendez à quelque chose qui ressemble à la Roue du Temps.
- Vous ne voulez pas de roman sexiste

Présentation de l'éditeur : 

Approchez et écoutez, sinon les temps bientôt connaîtront leur fin…
Dans la Plaine, les points d’eau sont à sec, les cruels cornes-crocs se font de plus en plus nombreux et les mauvais présages abondent. Comptant parmi les chefs des fiers Altaii, Wulfgar doit faire face à deux reines, à des seigneurs de la guerre, à des prophètes et à des sorciers qui menacent la sécurité de son peuple et son avenir.
Venue d’un autre monde, la Vagabonde Elspeth détient toutes les réponses – à condition que Wulfgar apprenne d’abord à lui poser les bonnes questions.
Mais qu’arrivera-t-il si les connaissances capables de sauver les Altaii risquent en même temps de les détruire ?

Mon avis

Avant toute chose, je préfère prévenir, je vais essayer de faire court, mais je ne vais peut-être pas y arriver. Le pire, c'est que je vois pas mal de chose à dire pas forcément sur le bouquin lui-même, mais sur Jordan, ce livre et la Roue du Temps. Bref, je vais essayer de faire court. 

Commençons par le commencement. Ceci est donc le premier roman de Jordan. Le tout premier, avant qu'il n'écrive 6 tomes de Conan le Barbare (tome que je me procurerai un jour en bonne fangirl) et surtout bien avant la Roue du Temps. Or, ce livre n'a jamais trouvé preneur à l'époque. Et Jordan ne voulait pas qu'il soit exhumé, même après sa mort. Pourquoi ? Parce qu'il ne le trouvait pas si bon que ça. Normal, c'est un premier roman. Par contre, j'aurais bien voulu savoir si entre temps, il s'est rétracté (ou si Tor Book a décidé que balec, ils font ce qu'ils veulent). Perso, j'ai appris ça durant ma lecture la semaine dernière. Et j'avoue que je comprends parfaitement pourquoi l'auteur ne voulait pas qu'on lise son bouquin. 

Le Guerrier des Altaii aurait pu être un très bon one-shot fantasy. Imaginez donc une société nomade et guerrière qui doit survivre comme elle peut alors que tout est contre elle. Pour se faire, il va falloir prendre la ville de Lanta qui complote contre la dite société avec l'aide des Très-Haut, des être semblables à des Dieux. Pour sauver les Altaii, il semble n'y avoir que Wulfgar, fils adoptif du roi, protégé de Mayra, la Sœur de la sagesse. S'il meurt, tout est fini. Mais s'il réussit, alors son peuple vivra encore bien longtemps. Classique, mais normalement plutôt efficace. Or, le roman est un roman de jeunesse (et pas jeunesse hein) et ça se sent. 

Le Guerrier aurait pu se contenter de conter l'histoire de Wulfgar dans un monde de fantasy classique. L'auteur décide pourtant d'y ajouter Elspeth, une Vagabonde venant d'un autre monde (proche du notre si on en croit ce qu'elle en dit). Or, le rôle de la jeune femme se résume à peau de chagrin et je me demande encore pourquoi mettre en avant les Vagabondes si elles ne sont pas plus utilisée que ça (peut-être avait-il l'idée d'un second tome ou d'un livre dans le même univers expliquant ça). Or, des choses avancées qui ne servent pas à grand chose ou presque au final, il y en a quelques unes (mais moins importantes que le cas Elspeth). C'est un peu dommage, on a l'impression que le lecteur va avoir plein de chose à découvrir et comprendre et puis finalement, non, c'est juste Wulfgar qui va sauver son peuple.

D'ailleurs, on en parle du bonhomme ? L'archétype du barbare qui passe sa vie à cheval. On est vraiment pas loin de Conan le Barbare avec lui : grand, musclé, sanglant, violent, impulsif. La nuance n'est pas vraiment pour lui dans tout ce qu'il fait. Idem pour ses hommes. Quant aux femmes, le bat blesse énormément. Soient ce sont des esclaves juste là pour le plaisir des hommes, soient des reines et nobles parfaitement lubriques, soient de grandes sorcières usant de leur magie complètement nues. Je ne vais pas vous mentir, Jordan est un auteur quelque peu sexiste (même sur la Roue du Temps). Ici, c'est puissance mille. La femme n'est là que pour le plaisir des yeux alors même qu'elles sont les instruments de la victoire de Wulfgar (sans Elspeth ou Mayra, il serait mort quand même...). 

Enfin, on passe à l'intrigue elle-même. Si on pouvait oublier tout un passage (Wulfgar dans le palais des Trônes Jumeaux) qui n'apporte pas grand chose de plus à tout le bordel, on trouve quelque chose de pas trop mal. Pas trop mal si on exclue des raccourcis un peu trop rapide et un deus ex machina à la fin. En même temps, rien de bien catastrophique puisque je rappelle que c'est un premier roman.

Le plus gros soucis de ce Guerrier des Altaii outre son sexisme particulièrement présent, c'est bel et bien sa comparaison avec la Roue du Temps. On oublie facilement que ce one-shot a été écrit bien avant, qu'il fut le tout premier et que oui, il a des défauts comme peut l'avoir tout premier roman. Or, si on oublie deux secondes la série, on peut voir que le jeune Jordan a écrit un roman peut-être un peu trop ambitieux mais finalement assez bon (si on oublie son sexisme, mais en même temps, dans les années 70, la place des femmes dans la fantasy n'étaient pas vraiment enviable, il est loin d'être le seul sexiste du lot). Par contre, on commence à trouver des choses que l'on reverra dans la Roue du Temps. Ça commence dès la carte avec une Echine du Monde placé sur la gauche (là où elle ferme la droite de la carte de la Roue du Temps). Ensuite, les Altaii m'ont fait pensé pour certaines choses aux Aels. Quant aux Sœurs de la Sagesse, en un sens, elles sont les ancêtres des Aes Sedai et des Sagettes (alors, je m'excuse d'avance pour les lecteurs de la Roue du Temps version Bragelonne, moi, j'ai l'ancienne traduction et se sont les termes de celle-ci que j'utilise).

Au final, je suis mitigée sur ma lecture. Je suis ravie d'avoir ce livre entre les mains même si apparemment Jordan ne voulait pas vraiment que ce soit le cas. Je fangirlise un peu. Par contre, oui, c'est un premier roman et sans être totalement mauvais, il  n'est pas aussi bon qu'on pourrait l’espérer venant du gars dont tout le monde ne connait que la Roue du Temps (après, ça démontre que ton premier roman peut ne pas être génial, tu peux toujours t'améliorer). je regrette franchement le côté ultra sexiste et macho du roman. Est-ce que je le recommande ? Franchement, je pense que oui, pour tout ce qui aime Jordan mais à lire avec des pincettes quand même. Pour les autres, je pense qu'il existe de bien meilleur roman de fantasy (j'arrive pas à croire que je suis en train de dire ça d'un Jordan quand même)

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